lundi 27 novembre 2017

Esclavage ! du temoignage

objectif premier de l'Europe : empêcher les migrants d'arriver sur son sol...donc       
 

« Le gouvernement suit avec grande attention les rapports des médias sur l'exploitation des migrants clandestins par des criminels » a annoncé un haut diplomate libyen
« si ces allégations sont confirmées, toutes les personnes impliquées dans ces crimes seront punies ».
le vice-premier ministre, Ahmed Metig, qui a également exprimé « son mécontentement quant à la réapparition du commerce d'esclaves dans la banlieue de Tripoli ». Selon l'AFP qui s'appuie sur un de ses communiqués publiés sur Facebook, Metig avait indiqué qu'il chargerait « une commission d'enquêter sur ces informations de presse afin d'appréhender et soumettre les responsables à la justice ».
<<<<<<<ah!ah!ah!ah!ah!ah!ah!ah!ah!ah! sérieusement ?

depuis le reportage de CNN sur la Libye, on fait semblant de découvrir qu'il se passe quelque chose....les articles se multiplient...m'est avis que la prochaine insulte à la mode va être "sale esclave", ou "t'aurais pu être esclave en Libye"
vendredi dernier, dans le bus 68, Mairie de Montrouge...un collégien, noir, couleur café, a fait quelque chose et il a eu droit à un fort et sec "t'es pas en Afrique ici", il n'a rien répondu au vieil homme à casquette, un retraité, une belle tête à ne pas voter à gauche...le collégien est  resté impassible, mangeait des chips, son copain à la négritude dilué, a lui aussi ignoré le vieil  homme....


dans le Monde, je lis :
Domestiques sénégalaises à l’étranger : « un jour, j’ai compris qu’on m’avait vendue ! »
 De nombreuses femmes quittent Dakar pour aller travailler en Arabie saoudite, au Liban ou au Maroc. Une expérience qui tourne souvent à l’esclavage moderne.

Lorsque Boury raconte son séjour en Arabie saoudite, la colère et la peur le disputent au dégoût :
"C’était l’enfer ! Le premier jour, ils m’ont touché les cuisses et les fesses. Pendant que je travaillais, les fils de la patronne me reluquaient tout le temps. Je dormais habillée, un couteau à portée de main."
Boury est née et a grandi à Dakar, dans le quartier de Sicat Liberté. A 20 ans, après avoir arrêté ses études d’architecture à la suite d’une grossesse, elle a commencé à travailler comme serveuse dans des restaurants. Puis, en 2015, après son divorce, elle part travailler comme femme de ménage en Arabie saoudite sur les conseils de sa mère, dont une amie tient une « agence de recrutement ». Elle a 25 ans et un enfant de 5 ans, qu’elle laisse chez sa mère. Sur place, elle ne sera jamais payée pour le travail effectué.
« Je suis arrivée chez mes employeurs à 5 heures du matin. Ils ont pris ma valise et l’ont renversée, ils ont pris tout le matériel électronique. J’ai dit : “Et le passeport ?” Ils m’ont répondu : “Ça aussi on le garde.”

Mais le pire commence le jour où elle exprime sa volonté de rentrer au Sénégal. D’abord, sa patronne essaie de la placer chez quelqu’un d’autre ; ensuite, les propositions plus dégradantes arrivent :
« Le frère de la patronne m’a dit : “Tu peux venir chez moi. Chaque fois que j’aurai envie de sexe, tu seras à ma disposition et, dans six mois, tu auras de l’argent, une maison et même une voiture à envoyer au Sénégal.” Quatre hommes de la famille m’ont fait une proposition similaire. »

Finalement, Boury découvre la raison pour laquelle on ne l’avait jamais payée :
« Au Sénégal, on m’avait vendue ! Ma patronne m’a affirmé avoir payé l’équivalent de 2 millions de francs CFA [plus de 3 000 euros], elle m’a dit : “J’ai payé ton billet, ton visa et j’ai donné de l’argent à ton agence pour te faire venir, donc tu n’iras nulle part tant qu’ils ne me rembourseront pas ou ne me donneront pas une autre fille ! »

Boury n’est pas la seule dans ce cas. Selon le Global Slavery Index 2017 publié par la Walk Free Foundation, une organisation qui se bat contre la traite des humains, il y aurait eu 40,3 millions de victimes d’esclavage moderne en 2016 : parmi elles, de nombreuses domestiques asiatiques et africaines. Sur 67,1 millions de travailleurs domestiques dans le monde, 11,5 millions sont des migrants, selon le Bureau international du travail, et parmi ceux-ci, 73,4 % sont des femmes.
Lire aussi :   Au Maghreb, le racisme anti-Noirs persiste
Comme Boury, on estime que chaque année des centaines de Sénégalaises – aucune statistique fiable n’est disponible – vont travailler comme femmes de ménage à l’étranger, principalement en Mauritanie, au Maroc, au Liban, au Koweït et en Arabie saoudite. Au Sénégal, le taux de chômage est de 25 %, et, pour les femmes peu instruites, le travail le plus accessible est celui de bonne à tout faire, pour environ 70 euros par mois : une misère comparé aux promesses de salaire faites par des agences de recrutement illégales ou par des intermédiaires véreux qui font miroiter aux femmes une situation autrement enviable hors des frontières sénégalaises.
Las, pour les domestiques qui cherchent à échapper à l’exploitation au Sénégal, le scénario se répète à l’identique, voire en pire, à l’extérieur. Seules dans un pays étranger dont elles parlent rarement la langue, enfermées à domicile, sans papiers ni téléphone (confisqués par le patron), elles travaillent toute la journée, sans jour de pause, congé ou arrêt maladie, pour un salaire dérisoire quand il n’est pas tout simplement inexistant. Et les moins chanceuses sont victimes de violences psychologiques, physiques ou sexuelles.
« Certaines sont en prison »

Emily Diouf, 34 ans, a travaillé au Maroc grâce à l’entregent d’une cousine qui y officiait comme « petite bonne ». Aujourd’hui rentrée au Sénégal, à Keur Massar, à 20 km à l’est de Dakar, elle se souvient du « cas d’une fille de 25 ans violée par son employeur » :
« Lorsqu’elle l’a dit à sa patronne, celle-ci lui a rétorqué que jamais son mari n’aurait fait ce genre de choses et elle l’a chassée. Peu après, on a su qu’elle était enceinte, et puis on n’a plus eu aucune nouvelle. Elle ne connaissait personne au Maroc. »

Autre témoignage, celui de Ndeye Ndoye, 32 ans. En août 2015, alors qu’elle était au chômage après une expérience sans aucun contrat dans un salon de manucure, elle est partie au Liban, où on lui avait fait miroiter un salaire de 450 euros par mois. Mais, sur place, elle a vite déchanté :
« Ils me battaient. Le mari m’insultait : “Tu es une esclave, nous ne respectons pas les Noires ici.” Parfois ils ne me laissaient sans rien à manger. Je devais me réveiller à 6 heures et travailler jusqu’à 1 heure le lendemain. Je devais tout faire et la maison était trop grande. Je ne pouvais pas me reposer, je ne pouvais même jamais m’asseoir ! »

Comme Boury, ce n’est souvent qu’au moment où ces femmes insistent pour rentrer au Sénégal qu’elles découvrent avoir été arnaquées et vendues. Elles doivent alors choisir entre deux solutions : soit attendre que leur agence envoie une « remplaçante », soit prendre la fuite. Celles qui disposent d’un portable ou d’une connexion Internet cherchent de l’aide auprès de leur entourage, de l’ambassade ou même des médias sénégalais ; les autres sont obligées de s’enfuir, au risque de tragiques épilogues.
« Ils ont tué beaucoup de filles là-bas. Certaines ont disparu ou fini en prison », affirme Boury. Ainsi de Mbayang Diop, 22 ans, partie en Arabie saoudite pour gagner de quoi élever son fils et prendre soin de ses parents, âgés et malades. Accusée d’avoir tué sa patronne, elle est détenue dans une prison saoudienne depuis juin 2016 et a été condamnée à mort. Au Sénégal, Mbayang Diop est devenue l’icône de la bataille pour les droits des domestiques.

                                    

SICILE-Alors que la vente des noirs subsahariens en Libye continue d’heurter la conscience de toutes les âmes sensibles et cristallise les débats, certains rescapés de ce commerce abject brisent le silence et racontent leur mésaventure. C’est le cas de ce jeune guinéen originaire de Diaguissa Dalaba. Ibrahima Sow qui a réussi par miracle d’atteindre les côtes italiennes raconte en exclusivité à Africaguinee.com l’enfer qu’il a traversé en Libye. Séquestration, privation, torture, ce jeune de 27 ans livre aussi les secrets de ce trafic humain qui prend ses souches en Afrique de l’ouest pour étendre ses tentacules dans certains pays du Maghreb.

Africaguinee.com : Bonsoir Monsieur Sow ! Vous êtes un jeune guinéen qui est passé par la Libye avant de rallier les côtes italienne via la méditerranée. Racontez-nous votre périple ?
Bonsoir Africaguinée ! Je suis très heureux de parler sur votre site aujourd’hui surtout que vous accordez un accent particulier sur la vie des migrants.
Avant tout, j’ai envie de dire que c’est la pauvreté, le manque d’espoirs qui m'ont poussé à partir. Ce pays appelé la Libye est devenu un passage de choix pour tous ceux veulent atteindre l’Europe clandestinement. Mais l’anarchie y règne en maître. C’est courant février 2015 que j’ai quitté Conakry, deux ans après l’obtention de mon diplôme d’université en télécommunication. Faute d’espoir et perspectives je suis parti.
Comme vous le savez, la Libye est devenue ingouvernable depuis la chute de Kadhafi. Les autorités actuelles peinent à mettre de l’autorité dans ce pays. Les armes sont restées dans les mains des mouvements rebelles.  Chaque tribu, chaque bande armée est maitre dans sa zone, même les petits enfants sont armés. Je ne pense pas que ces rapts, ces séquestrations soient la volonté des autorités libyennes, mais c’est du fait que les armes et les tribus sont incontrôlables dans ce pays. Il suffit que vous alliez dans une zone où vous êtes un inconnus, on vous met la main dessus, les unités de police, de gendarmerie n’existent presque plus, c’est la loi de la jungle.

Dès qu’ils voient un noir passer, ils disent voilà de l’argent qui se promène…

Dès qu’ils voient un noir ou des noirs sur le territoire libyen on sait qu’ils sont de passage, facilement on les séquestre et on exige des rançons. A défaut ils sont vendus pour des travaux forcés loin des villes, dans des endroits isolés.  Il suffit qu’un noir passe, ils disent directement voici de l’argent qui se promène. C’est dans cette situation que j’ai été séquestré pour la première fois dans la ville de Misrata près de deux mois. J’ai pu échapper. Ensuite  j’ai voulu rebrousser chemin en regagnant le Niger. 
Arrivée à Saba un gars qui m’a parlé en bon guinéen m’a convaincu de m’aider à traverser la méditerranée. Il était question de retourner à TRIPOLI maintenant, je lui avais dis après la traversée, un parent va expédier de l’argent à son adresse. Au fur et à mesure qu’on avançait, il m’a laissé seul au milieu des hommes armés sans issu. Il m’a fallu plusieurs jours là aussi, c’est un frère qui vit en Guinée qui m’a envoyé 200 dollars sur une adresse à  Agadez au Niger. Cet argent a été donné à un homme armé dans le centre de séquestration où j’étais détenu. Ce dernier a utilisé un code entre nous pour me faire sortir de là, il m’a donné un papier blanc sur lequel il y avait sa signature et une photo de lui et m’a indiqué une piste à suivre pour atteindre Tripoli, partout quand je montre sa signature et sa photo on me laisse passer.
J’ai passé au moins 9 mois avant de traverser. J’ai rencontré finalement les bons passeurs qui m’ont fait traverser. La traversée a été payée en Guinée à un représentant du réseau. C’est un frère qui a payé ce n’est pas parce  qu’il était consentant de mon voyage, mais il avait peur que je meurs dans cet enfer. A un certain moment je me suis dit que c’était fini ma vie, je ne m’attendais qu’à ma mort dans ce monde de la loi du plus fort. Mais l’unique inquiétude que j’avais, ce que mes parents n’allaient jamais savoir ce qui m’est arrivé. Si ma mémoire est bonne c’est au mois de juin 2016 que je suis arrivé en Italie.
Mais pour être honnête, quoi qu’on  vous dira, on ne pourra décrire la souffrance des subsahariens en Libye. Séquestration, torture, rapt, rançons, travaux forcés sont leur quotidien.

Vous avez vécu ça expliquez-nous réellement comment les rapts se font ?
Ecoutez aujourd’hui c’est la Libye qui est incriminée et qui fait l’objet de marche et dénonciation à travers le monde pour ce trafic d’esclavage. Mais en réalité les réseaux des trafics commencent dans nos pays notamment en Afrique de l’Ouest comme la Guinée, dans nos villes, dans nos quartiers voire dans nos familles, les représentants sont là-bas aux yeux de tous. Les bons et les mauvais réseaux sont là-bas chacun trouve son compte dans cette situation difficile en Libye, c’est là-bas que vous payez le passage.
En Guinée par exemple les représentants sont dans toutes les grandes villes du pays, c’est ceux là qui vous donnent des contacts sur le chemin, quand vous êtes pris aussi il faut passer par eux pour le paiement des rançons pour obtenir votre liberté. Imaginez vous en quittant la Guinée, vous ne connaissez personne en Libye. Sur le terrain vous rencontrez quelqu’un qui vous parle en bon Maninka, étant Malinké vous le suivez, celui qui vous parle poular vous lui faites confiance sur le champ étant peulh, donc c’est comme ça. C’est nos compatriotes là qui vous conduisent le plus souvent dans ces camps de séquestration, ils reçoivent un peu d’argent en échange de votre personne.
Vous souffrez énormément on vous demande des rançons à payer, si vous êtes incapables de payer, on vous revend à ceux qui ont des travaux difficiles dans les zones rurales. Peut-être vous avez constaté dans les videos diffusées sur la vente des esclaves, ils les vantent d’avoir beaucoup de force, un homme faible a beaucoup de chance d’être rejeté. Peut-être c’est la chance que j’avais eu parce que je suis très chétif. Sinon beaucoup d’hommes ont été sélectionnés parmi nous on m’a toujours sauté, ce qui a faciliter certaines choses pour moi. J’étais parmi ceux qu’on considérait comme les bon à rien. Ce n’est pas hier que ces trafics ont commencé en Libye. Mais c’est hier que la situation a touché la conscience de tout le monde à travers le monde. Sinon depuis 2015 la vente des noirs est en vogue dans ce pays devenu une jungle.

Pensez vous que c’est possible de démanteler ces réseaux qui vendent les êtres humains en Libye ?
 Tout est possible mais ça ne sera pas facile parce qu’il n’y a pas d’autorité dans ce pays. Ces bandes armées sont partout, beaucoup de villes sont contrôlées par des rebelles, l’insécurité est là, personne ne peut s’aventurer pour démanteler ces réseaux, sinon c’est une autre guerre qui va s’ouvrir dans ce pays. Des gens qui sont au chômage ont trouvé les moyens de gagner leur vie en vendant des êtres humains.
Pour moi la  meilleure manière de contrecarrer cette nouvelle forme d’esclavage c’est de démanteler les réseaux et leurs représentants dans nos pays d’origine. En Guinée par exemple les autorités peuvent rechercher et arrêter tous ces trafiquants au pays, c’est les premiers responsables de cet esclavage en Libye. En Libye ceux qui conduisent les gens dans les camps sont noirs comme nous mais ils ne sont pas arrêtés, le cordon ombilical de cette affaire c’est en Guinée, au Mali, au Niger, au Sénégal etc.

Avez-vous un dernier message ?
Aujourd’hui il faut que l’Etat guinéen se lève pour veuiller à ces mouvements de foule en Guinée vers les frontières. Vous voyez des gens au pays qui n’ont aucun emploi officiel connu qui se font appeler hommes d’affaires, ils circulent dans des belles voitures, les autorités approchez vous d’eux, ils ne sont pas loin des réseaux de trafic. Si votre fils sort de chez vous après deux ans vous n’avez  aucune nouvelle de lui, ne vous faites pas assez de doute soit il est séquestré en Libye ou vendu pour des travaux champêtres  loin des villes.
Si chaque pays  subsaharien maitrise les réseaux de trafic chez lui, c’est la meilleure idée de barrer la route  à l’esclavage en Libye et les autres pays du Maghreb. En Guinée, ils sont innombrables ces réseaux que ça soit à Conakry ou à l’intérieur du pays. D’autres sont installés en Libye pour orienter leurs frères dans les trous. Au moment où je quittais la Libye beaucoup étaient là sans issus séquestrés dont les parents ne savent pas ce que sont devenus leurs fils. Ils sont des guinéens, des maliens, des sénégalais, des gambiens, c’est les plus nombreux d’ailleurs bien qu’il y a d’autres nationalités.
Beaucoup vont s’étonner du fait que je condamne ces réseaux alors que je suis passé par là pour arriver sur le continent européen, mais s’il est à refaire je le ferai jamais et je le souhaite pas même à mon pire ennemi. Ce qui me retient en Europe ici c’est d’avoir un moyen de faire quelque chose au pays avec l’OIM.  J’ai trouvé des milliers d’africains ici en Europe, des gens qui ont fait près de 10 ans sont encore à la quête de l’asile qui s’obtient difficilement, rien ne garantit l’avenir par ici. C’est vrai que les gens fuient la misère sans espoir de changer les choses par les gouvernants, il faut qu’ils  mettent en œuvre des perspectives pour répondre aux attentes des populations.
La dernière chose que je souhaite souligner certains pensent que c’est les parents qui encouragent les enfants à partir, non. Beaucoup de candidats à l’immigration c’est quand ils sont loin qu’ils disent aux parents appuyez moi pour la suite sinon je risque de mourir en cours de route. Etant père ou mère tu es obligé de compatir et d’aider ton fils à partir du moment qu’il a quitté le pays. Mais encore une fois, j’insiste il faut démasquer et démanteler les représentants des réseaux dans nos pays, ça va empêcher nos frères de quitter là-bas
M Sow merci !
C’est moi qui vous remercie
Interview réalisée par Alpha Ousmane Bah
Pour Africaguinee.com
http://www.africaguinee.com/articles/2017/11/19/esclavage-en-libye-les-revelations-bouleversantes-d-un-jeune-rescape-guineen

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