dimanche 16 septembre 2018

J'ai lu

Nina Simone,roman de Gilles Leroy
la fin de vie romancé de mam' Simone, elle engage un homme à tout faire philippin, sa carrière est tenue par les 3 Harry, elle meurt seule, cancéreuse....blah !blah !
autant le Sinclair de Confiant et le Noire de De Montaigne, ne m'ont convaincu de rien, là, on est happé....
ça m'a donné envie de lire des interviews de la dame...et de lire une vraie bio....
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auteur du monde entier, si tu pouvais éviter des phrases telles que :
p.17 : ...elle est si sombre de peau. Quand elle rit, il ne voit que ses dents et le blanc de ses yeux...
p.197 : Ricardo sourit dans la pénombre, on ne voit que l'ivoire neuf de ses dents et le blanc de ses yeux..
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p.27 : j'ai toujours aimé les hommes noirs à la peau plus claire que la mienne. C'est bizarre non ?.....pour une enragée comme moi de la Cause.
 
p.39 : le prénom de Nina m'est venu en souvenir d'un flirt latino, Chico, qui me surnommait Nina, fillette...Ce nom de Simone est arrivé plus tard . J'ai resongé à cette actrice française, Simone Signoret, que je trouvais sublime et qui m'attirait pour des raisons que je n'aurais su dire.....
 
p.46 : Ricardo affermit sa voix dans le registre mâle : "vous êtes très jolie, Miss Simone"
elle : parce que je me suis déguisée en jeune fille blanche ? Pfff....Je défrisais mes cheveux. Toutes les chanteuses et les actrices noires le faisaient à cette époque. Faute de pouvoir blanchir nos peaux, on massacrait nos cheveux crépus. Ca brûlait le cuir chevelu, ça faisait un mal de chien, mais 'était encore le tribut à payer pour n'être pas née blanche. Un jour, j'en ai eu assez de me faire du mal, j'ai rasé mes cheveux et j'ai porté des perruques de cheveux bien raides avec une frange bien sage.

p.48 : c'est par les hommes que j'ai appris à  boire. Les hommes ne m'ont jamais voulu du bien. Ils ne m'ont rien valu que des coups, des larmes et la ruine...

p.70 : Me Pellegrini : ils savent qui vous êtes Nina
elle : Non. Dîtes-leur que mon nom entier est docteur Nina Simone, que j'ai reçu ce titre du Malcolm College de Washington et de deux autres universités américaines...Que je suis ambassadrice honorifique de Côte d'Ivoire, que j'ai reçu la médaille du Libéra et la médaille de la ville de Lagos. Que le Curtis Institute, qui m'avait recalé quand j'étais élève concertiste, m'a supplié d'accepter ses excuses et m'a décerné un diplôme exceptionnel. Enfin dîtes-leur bien que je n'ai pas pu me rendre au premier procès parce que Nelson Mandela me voulait à Cape Town pour fêter ses 80 ans. Ce n'était pas de la désinvolture ni de la lâcheté. Mandela m'envoyait un avion pour être certain que je vienne. On ne refuse pas ça à un homme si grand.
 
 p.77 : on vous sent distante de la scène jazz, alors que vous en êtes sans doute la plus prestigieuse représentante
N.S : Ai-je jamais dit que je faisais du jazz ? J'ai dit ça jeune homme ? Dès mes premiers succès, la critique américaine s'est acharnée à m'étiqueter, à méfaire entrer dans un registre. Vous connaissez mes disques ?

Bien sûr jene serais pas là sinon
N.S : Hum. Si je pose la question, c'est au souvenir de certains de vos confrères moins scrupuleux....Quand vous écoutez mes disques, vous ne pouvez pas dire que c'est purement du jazz. Je ne fais pas de gospel, je ne fais pas du folk, je ne fais pas du swing, je ne fais pas du blues, je ne fais pas de la pop et je ne fais surtout pas du jazz. J'invente la musique  classique noire. Ecrivez bien
ça.

Pardon d'insister, mais que reprochez-vous au jazz ?
N.S: si je lui reproche une chose, c'est d'être un concept de Blanc. Pour la plupart des Blancs, jazz égale Noir et Noir égale crade. C'est pour ça que je n'aime pas ce mot et Duke Ellington ne l'aimait pas non . C'est un terme qui sert juste à identifier les Noirs, à les stigmatiser.

Comment expliquez-vous alors  que les Blancs eux-mêmes aient versé dans le jazz ? Que des jazzmen blancs soient salués dans le monde entier ?
N.S : je ne me l'explique pas car c'est juste de la connerie ! Seuls les Noirs peuvent en faire. Certains Blancs parviennent à nous imiter pas trop mal. Mais ça reste ennuyeux et plat comme une copie. L'exception c'est Debussy, le premier musicien blanc qui ait écouté du jazz et l'ait assimilé dans sa musique. Je dis bien assimiler, pas édulcorer, pas chercher à faire un affreux jazz d'ascenseur qu'on entendra par la suite. Debussy et moi, on a fait la même chose, mais en sens inverse. Ce génie avait compris qu'on est incapable de faire du jazz si on n'a pas eu moins un grand-père esclave. Que c'est sans espoir. Que c'est même assez prétentieux, si on y réfléchit. Regardez ce pauvre Woody Allen, qui se couvre de ridicule avec sa clarinette astiqué par la bonne.

 Mais vous avez toujours eu des musiciens blancs à côté de musiciens noirs. Le quintet avec lequel vous allez vous produire bientôt est entièrement blanc.
N.S :je préfère les musiciens blancs pour la pop et le folk. Et puis...ils me respectent. Ils me traitent mieux. Les Frères, ils croient toujours qu'ils vont m'apprendre mon métier et me donner du talent_ quand même le talent leur manque. C'est très dur, ce business quand vous êtes une femme, quand vous tournez des mois entiers avec des types qui pensent qu'ils valent mieux que vous. Mais quand vous êtes une femme noire, c'est tout bonnement un métier de chien.

p.88 : Et Billie Holiday ?
N.S : eh petite tête, je croyais que tout se passait bien entre nous. On ne va se quitter fâchés tout de même ?

On vous a souvent comparée à elle
N.S: et je ne supporte pas ça . Si j'étais blanche Est-ce que tu songerais à nous comparer, Billie et moi ? Non, nos trajectoires n'ont rien à voir. Nos styles n'ont rien à voir. Nous comparer c'est une insulte.Je n'ai rien à voir avec cette toxico. On nous a associées parce qu'on était noires toutes les deux.

Billie était une raciste ratée
N.S : ai-je dit ça ? Je dis que si j'avais eu la peau blanche, personne n'aurait fait un tel rapprochement. Il suffit de nous écouter attentivement pour comprendre que nous n'avons rien en commun. Je me sens proche de Callas. Je suis la dernière diva après elle.

p.135 :  j'étais une femme innocente et  loyale. Dès mon premier enregistrement, j'ai été abusée. On avait enregistré les 12 morceaux de l'album en 14 heures. C'était comme ça à l'époque; Au prix de l'heure de studio, on ne nous donnait pas plus. Nous je parle des Noirs. Les chanteurs blancs, dans les mêmes labels, avaient parfois une semaine de studio. Et il faut bien comprendre que c'étaient souvent les patrons noirs qui nous traitaient ainsi.....

On sent une certaine amertume aussi à l'égard de la communauté noire. Pourtant à la fin des années 60, le Congrès pour l'égalité des races avaient choisi votre chanson To be Young, gifted and black comme hymne national noir
-ouais mais l'Amérique noire a refusé
-l'Amérique noire ?
-ceux parmi les gens du Mouvement qui ne m'aimaient pas. Qui devaient penser qu'un hymne noir ne pouvait être écrit par une femme.
-pour la contestation les rappeurs ont pris la relève
-oui mais le rap c'est tout sauf de la musique. C'est absolument anti mélodique. Ca tape sur une batterie point. Tout le monde peut faire ça. Ce n'est rien, comprends moi bien : les jeunes Noirs d'aujourd'hui sont perdus et stupides. Ils ne connaissent rien à leur foutue histoire. Ils n'ont jamais entendu parler de Martin Luther King, ni de Malcom X, ni de moi. Ils ne savent plus qui suivre. Ils sont acculturés, décérébrés. Regarde-les danser : ils bougent comme des clowns manipulés par des câbles invisibles. Le rap reprend le message que je délivrais voilà 35 ans. Ils ont copié sans rien faire évoluer. Ils n'ont rien à apporter qu'un infâme boucan...Aux jeunes qui veulent connaître la bande-son du Black Power, sa vraie musique, je dis qu'ils feraient mieux de revenir à l'original et de m'écouter moi.

p.149 : ...Carmichael et Malcom X m'avaient demandé d'écrire l'hymne du Mouvement qui deviendrait un second hymne national. Eh bien leurs successeurs ont refusé ma chanson. Ils préfèrent les pouffiasses disco et les rappeurs débiles. Ils se sont essuyés les pieds sur moi. J'emmerde la cause noire.

p.188 : la conscience m'est tombée dessus des années plus tard, quand les profs de Julliard  m'ont recalée à la porte du Curtis Institute. Et j'étais la seule Noire sur les 800 élèves qui se présentaient au concours. Et j'étais meilleure que la plupart des concurrents qui ont été reçus. Je la savais. On sait ça à 17 ans, quand on a passé comme moi tous les jours de son enfance sur son instrument. Chaque jour sans relâche ni vacances, jusqu'à 7 heures par jour. Tu finis par savoir ce que tu vaux. La vérité, elle est tombée là comme un couperet. C'était si dégradant.

p.203 : -quelle est jolie votre fille
- jolie ? magnifique oui ! regarde ses grands yeux songeurs, sa bouche parfaitement dessinée. Elle est très claire de peau, comme ma mère et j'en suis heureuse, car c'est une chance en ce monde de n'être pas trop foncée, pas comme moi.

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