dimanche 14 juillet 2013

France Zobda

en couv' de Kankan en janvier 2006....mettre la main sur un scanner....

                                             c'est quoi cette différence de couleur entre son corps et sa tête
bon ok ! voilà l'interview : waouh ! c'est puissant...attention ça fait...mal, elle dénonce, elle n'a pas peur...lol...
Questions à France Zobda
« on n’est pas comédien antillais, on est comédien tout court »

Vous êtes l’intello du cinéma français ?
FZ : je viens d’une famille d’artiste. Mon père était artiste-peintre et mes frères et mes sœurs sont tous artistes. On a vraiment cette veine, malgré tout, j’avais envie d’assurer mes arrières, bien consciente de la frilosité de ces métiers d’artistes et de l’inquiétude de ma mère. Par ailleurs sachant que nous avons toujours plus à prouver, j’ai mis mon intelligence à épreuves en obtenant un Doctorat d’anglais et un Dut de gestion. Puis je me suis fait plaisir. C’est nous le métier d’artiste n’est pas reconnu, c’est considéré comme un job un amusement, , un hobby, mais on n’en vit pas.
Qu’es-ce que vous faîtes à part être comédienne ?
« être comédienne » ! à cause de cette vision de cette profession, j’ai eu envie de démontrer après d’autres tels que Jenny Alpha, Robert Liensol ou Greg Germain, que c’est un métier qui demande rigueur, discipline et travail et qui peut aussi durer. J’ai suivi des cours d’art à l’école de l’acteur François Florent avec Francis Huster comme professeur pur apprendre ce métier. Ca fait maintenant 20 ans que je tiens ce qui prouve qu’on peut en vivre. Sans forcément viser le luxe, la démesure, décoller du sol….et de la planète terre. Il faut savoir naviguer à vue et accepter les changements et les évolutions du métier et du public pour tenir. Si la bonne étoile elle aussi veut bien briller.
Est-ce qu’il arrive que l’on vous cantonne dans des rôles bien précis pour artiste de couleur ?
FZ : Bien sûr ! surtout au début, quand j’ai commencé, je rejetais qu’en France on ne me proposait que des rôles pour les femmes noires. Ca m’a très vite dérangé, parce que en dehors du fait d’en être une, j’estime qu’on est comédien, on n’est pas comédien antillais, l’antillanité est une spécificité qui transpire à l’écran et dans la vie, sans effort. On n’a pas besoin d’afficher une couleur, de brandir un drapeau pour prouver d’où on vient dans tous les rôles. Sauf si ce rôle l’impose et s’il ne l’impose pas, on doit incarner un personnage avec transparence et professionnalisme.
On ne vous demande jamais d’accentuer encore, de parler « petit nègre » ?
FZ : c’est arrivé que l’on me demande de prendre un accent ou de parler « petit nègre »prendre l’accent antillais ne me dérange en rien, car on ne le perd jamais,  même si je l’ai intentionnellement gommé pour plus de transparence et d’universalité, mais parler « petit nègre », j’ignore car même à la fac, il n’y avait ni cette langue ni cette option. Je me suis rendue compte que les gens avaient une grande ignorance sur ce que nous étions. C’est vraie que les Antilles sont méconnues. Sea, sex, sun, rhum jolies filles et exotisme sont plus de qualificatifs que l’on nous attribue qu’autre chose ! Autant l’Afrique est un continent connu en France Métropolitaine, autant les Antilles qui sont l’autre partie de la France sont mal cadrés, mal cernés. On ne sait pas où situer les Antilles. On est l’Outre-Mer, mais c’est quoi l’Outre-Mer ? Beaucoup l’ignoraient, les gens parlent comment, quelle monnaie ont-ils, ils sont noirs, blancs mélangés, café au lait ou chocolat. Autant de question qu’ils se posent moins aujourd’hui grâce à une couverture plus large du ciel et  une autoroute de l’information révolutionnaire et pointue telle qu’internet. Nous avons la chance d’être une mosaïque pluriethnique, multiculturelle, un vrai melting-pot, il faut qu’on en tire toute la fierté et tous les avantages. Tant pis si certains ignorent d’où on vient, nous nous le savons. C’est une richesse inestimable. Aller dans n’importe quel pays au monde et de s’y reconnaître un peu est extraordinaire, ça nous donne la possibilité d’être  tout simplement un citoyen du monde et cen’est pas donné à tous ! Qu’on se le dise !
Dans quel film aimeriez- vous jouer ?
FZ : Honnêtement, j’ai envie de faire des comédies. J’aimerais qu’on me propose des rôles drôles, comiques,  inattendues et décalées, des contre-emplois, qu’on me propose de me transformer, de me surpasser,  voire de me relooker, comme dans SOS18. N’est-ce pas là la vocation et le désir d’un acteur, d’être quelqu’un d’autre que ce qu’il est dans la vie…je veux être une femme dynamique, moderne, caméléon. Je ne veux pas être une femme glamour, mythique, une belle plante dans un coin. La comédie n’est pas la chose la plus facile, mais c’est tellement jouissif de voir le public rire et se divertir. J’ai eu la chance de le faire au théâtre dans « Ne m’appelez jamais Nègre » et dans certains rôles comme celui de Fugue en ré et Suite en ré avec Guy Marchand, mais j’aimerais que ça se reproduise plus souvent !
Propos recueillis par Alfred Jocksan
Femme de culture
L a culture a une grande place dans son cœur. « je trouve qu’il n’y a pas assez de reconnaissance de notre culture, même par nous ». La culture représente à ses yeux une arme médiatique formidable et un peuple sans culture n’a pas d’aura. C’est l’image d’un pays et d’un peuple, elle se bat pour mieux faire connaître notre image culturelle et trouver une place ici pour exister. A travers son art France véhicule plein de choses et bien souvent refuse des rôles où la dignité de son peuple est tournée en  dérision.
Mes yeux bleus
Ca surprend tout le monde parce que forcément une femme noire n’a pas les yeux bleus. Une femme noire a des yeux marrons, noirs, mais bleus c’est un ovni. La première chose qu’on me demande c’est : « est-ce que ce sont des lentilles ? ». Question classique qui m’énerve toujours. Avant je répondais : pourquoi vous en avez ? Maintenant je dépasse cela en ironisant sur le fait que nous ayons aussi des ovnis et des originaux chez nous. J’ai cette spécificité qui appartient bien aux Antilles, c’est une hétérochromie, comme nos mélanges de races…je dois souvent m’expliquer…. !
La télévision
Le cinéma est vu par une élite, la télévision est vue par des millions de téléspectateurs, c’est un outil indispensable dans la côté de popularité d’un acteur. Avant nous étions cloisonnés, cinéma, télévision, théâtre, il fallait choisir son camp, aujourd’hui il n’y a plus de barrières. Les acteurs de ces tris arts font le va-et-vient. Alors, j’ai réagi comme les autres. Je constate que les gens me reconnaissent plus par rapport à mes rôles à la télé qu’ils petits ou grands

Cecile Kyenge...des nouvelles

souvenons-nous :
http://femme-noire-et-negritude.blogspot.fr/2013/04/cecile-kyenge.html

Mais oui !.... Cécile....qui a eu la bonne idée d'accepter le poste de ministre de l'intégration en Italie....déjà que dans les stades c'est violemment raciste....jet de banane, cri de singe, etc....Cécile en a entendu et avec des morceaux menaces de mort dedans....bon et alors ? et alors un député de la Ligue Du Nord, c'est-à-dire la droite -extrême l'a comparé à un singe, lors d'une réunion du parti...

"Cecile Kyenge fait bien d'être ministre mais peut-être devrait-elle le faire dans son pays (...) Je me console quand je surfe sur internet et que je vois les photos du gouvernement. J'aime les animaux (...) mais quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un".
Est-ce que ce monsieur, sénateur, un certain Roberto Calderoli, serait en train de nous dire qu'il ne l'a trouve pas à son goût et que lui serait un prix de beauté, ah non il est juste en train de la comparer à un singe...ouais !...parce que noire ?...euh...oui...
Oh ! il s'est justifié :
"Je n'avais pas l'intention de blesser et si la ministre Kyenge l'a été, j'en suis désolé, mais mes propos ont été tenus dans le cadre d'un discours politique beaucoup plus large, qui critiquait la ministre et ses choix"
Cécile lui fait savoir que :
"Je ne tiens pas à m'adresser à Calderoli en tant que personne, mais en tant que représentant d'une institution: réfléchissez à ce que vous représentez quand vous parlez"

voilà ! voilà ! mais nous savons que :
  http://femme-noire-et-negritude.blogspot.fr/2013/05/taubira-en-singe.html

samedi 6 juillet 2013

Leona Lewis

qui ça ?...une chanteuse anglaise qui fait de la muzzaaakkk et c'est gluant : aucun intérêt....je ne suis pas sensible à sa musique, ni à sa voix...plus je l'ai vu essayé de danser dans un clip sur une sous merde produit par Akon : elle ne peut pas....elle est métisse : père guyanais, mère irlandaise...mais perdu pour la Cause....plus, elle a l'air d'être un produit pour concurrencer la Beyonce....avec ses yeux vert : elle parle à tous les marchés...et on pourrait s'attarder sur le colorism mais non...et alors ? ....
ben ! les kilos sont revenus, regardez-moi ce cuissot menaçant....elle ne prend pas de visage...
                                                      
 
avec Alicia Keys(chanteuse surestimé qui fait de la guimauve) Jamie Fox et Halle Berry....si on avait du temps à perdre on remarquera qu'il y a 3 femmes métisses....vision médiatique de la femme noire, blah, blah ..... 

Un humoriste dans ses oeuvres

Aymeric Lompret est passé 38 fois dans l’émission On ne demande qu’à en rire, que je n’ai jamais regardé, mais entendu ça et là des sons à la radio….donc il fait humoriste…dans son 39ème passage Aymeric s’est fait remarquer avec son sketch : Faut-il rendre leurs terres aux esclaves ?

Mais voilà…le CRAN a trouvé ça…raciste…ouaip !...le CRAN n’a pas aimé et moi avec : 
 "Je suis d'accord, l'esclavage, c'est choquant, mais qu'est-ce qui était pire pour les noirs, l'esclavage ou Saga Africa ?"…. "Elle a dit qu'il fallait rendre la terre aux esclaves. C'est complètement con, qui c'est qui va ramasser nos poubelles, après ?"…..

Courrier à France Télé : "Evidemment, Aymeric Lompret pourra toujours dire qu'il fallait entendre ce sketch au second degré et qu'il se moque non pas des descendants d'esclaves, mais de ceux qui se moquent des descendants d'esclaves. Mais est-il certain que tout le monde ait ri pour les raisons qu'il présuppose ? le sketch a fait rire les racistes, les renforçant dans leurs stéréotypes ».

La réparation ? le CRAN veut une « émission sérieuse sur le sujet, également à une heure de grande écoute, afin que l'on donne au public tous les moyens d'appréhender cet enjeu autrement que par la dérision, toujours facile, souvent ambiguë, et parfois même indigne ».

Le CRAN fait beaucoup d’honneur à Aymeric Lompret …. en s’attardant sur lui….on pourrait citer les sketch pas drôle de Malik Bentala sur Europe 1 sur les antillais….

Ca n’a rien à voir, je me souviens, d’une émission radio estivale que j’écoutais en bruit de fond, à la fin un humoriste faisait un sketch, une guichetière de la poste, antillaise, avec un accent prononcé…et il disait ne pas comprendre ce qu’elle disait et qu’il en avait assez qu’on aille les recruter dans les foyers Sonacotra….lui est passé entre les mailles...

mercredi 3 juillet 2013

Dans le bus 47

Dans la série prenons le bus et soyons témoins des tensions entre…humains….Bon la propreté des bus laisse à désirer et quelque soit le quartier…lingette désinfectante obligatoire….et à y regarder de près il y a des petits insectes qui bougent dans la chevelure de  certains passagers… …
me voilà donc témoin d’une altercation entre un chauffeur de bus et un passager, c’était tellement con, que je n’arrivais pas à allumer la caméra pour filmer, et puis j’écoutais un truc à la radio….ça s’est passé dans un 47…il y a un chauffeur de bus dans cet univers,  et dans Paris précisément , qui a décidé que ça ne se passerait pas comme ça…rougeaud, cheveux court, yeux bleu, trapu, bourrin…

.....une malheureuse a eu l’audace d’entrer avec sa poussette et son marmot par la porte arrière…et elle s’est assise…le chauffeur hurle qu’il n’allait pas démarrer  le bus tant qu’elle n’aurait pas valider un titre de transport…elle est jeune, teint mat, jolie, brune… où se croyait-elle et pour qui se prenait-elle ? lui a-t-il demandé...sérieux….elle aussi à élever la voix et puis elle a fouillé son sac pour trouver son porte-monnaie et un ticket qu’elle a validé….15 mn d’arrêt….en descendant elle lui donné du « sale con »….les passagers n’ont rien dit……
autre jour, encore le 47,  je le reconnais, je prends donc tout mon temps pour refermer mon parapluie et sortir ma carte…et effectivement ça m’aurait écorcher la gueule de dire bonjour….
je choisis une place individuelle, dos au chauffeur…et là il entre en action et s’adresse au jeune noir qui est assis devant moi, il ne démarrera pas le bus tant qu’il n’aura pas validé un ticket et il y a un point de vente à côté…notre jeune ami noir ne bouge pas, mains dans les poches, je remarque que son blouson est déchiré dans le dos, pas le genre petit crâneur avec les dernières fringues à la mode….le chauffeur le tutoie…avec plein de mépris…alors il se lève, la vieille dame blanche en face de lui aussi, car ils sont ensemble, elle dit "on ne peut pas y allaer alors ?…à la porte du bus, le chauffeur s’en rend compte et change d’avis sur cette affaire de ticket…et ils retrouvent leur place et il démarre ce putain de bus….ça a duré 15 mn….donc il n’aurait pas été avec cette vieille dame blanche, qui elle non plus n’avait pas de ticket….bon…
au niveau de Châtelet, nouvel incident....parmi les nombreux passagers qui montent notre ami chauffeur a repéré un type,  jeune, au crâne rasé(avec des origines extérieures à la France), jogging  qui a beaucoup vécu, un blouson noir un sac en plastique à la main, des écouteurs blancs…. Le chauffeur de lui dire bien fort qu’il n’est pas dans un moulin, il faut valider un titre sinon il ne démarre pas et d’ailleurs, il est entré sans lui dire bonjour….le crâne rasé,  2 de tension, petite voix, répond très calmement qu’il a dit bonjour…et c’est là que je suis témoin de l’embrouille la plus stupide du monde : les 3 marches du podium….le crâne rasé qui  nous apprend qu’il fait de la boxe : vas y démarre le bus…au bout de 10 mn, un jeune père de famille surgissant du fond du bus donne 2 euros au chauffeur et donne le ticket au crâne rasé mou qui a un merci imperceptible à mes oreilles…. le chauffeur : tu le prends comme ça, j’appelle la police et effectivement il appelle les flics en disant qu’un passager pose des problèmes, le crâne rasé ne descend pas…5 mn plus tard, 2 flics en civil arrivent, un grand et large moustachu (une vilaine moustache d’ailleurs)et un petit à lunettes , le chauffeur à une explication pauvre en argument et désigne le crâne rasé qui n’a pas l’intention de descendre vu qu’il a un ticket validé, les flics vont vers lui et lui disent je sais pas quoi et ils descendent tous les 3 , je voulais filmer, mais je n’y arrivais pas, mon bras n’y arrivait pas, j’ai préféré écouter la radio…sur le trottoir, le flic petit à lunette avait un des écouteurs que crâne rasé avait gardé autour du cou et parlait manifestement à quelqu’un….sur ce un car de flics s’est arrêté de l’autre côté du trottoir car eux aussi avait reçu un appel….mouaip ! le bus a redémarré…jusqu’à Porte  d’Italie, il semblerait que tous les titres ai été validé, puisque le bus a roulé…..il pleuvait, il faisait froid….
je me demandais pour qui il votait, combien de temps il survivrait sur une ligne dans une banlieue chaude…il y a des caméras dans le bus, il l’a rappelé à crâne rasé…ouais ben y’a pas de quoi être fier…aucun passager  n’est intervenu.....en faveur de l’une ou l’autre des parties….crâne rasé avait mes faveurs, il est resté calme….

Un marriage : un footeux riche et un mannequin

il est joueur de football a Aston Villa en Angleterre, pété de tunes...des origines jamaïcaines...sa fiancée est...mannequin...pour...un produit que je n'ai pas encore identifié...et même je ne cherche pas à identifier...
si ça peut énerver certains...au hasard...les racistes...
                                              
                                                        avec sa maman, qui pense pour deux
 

samedi 22 juin 2013

L'oeil le plus bleu

de Toni Morrison... qui n'est pas un homme, mais cette dame, j'ai relu en une après-midi pour la énième fois son bouquin....

j'ai eu une période Morrisson, je me souviens en avoir lu beaucoup et puis elle m'a fatigué...elle sait écrire, elle....n'est-ce pas Danny Laferrière, au hasard, qui a osé critiquer son style : un crime....
il y a cette horrible interview avec Paula Jacques sur Inter qui ramenait tout à ce bouquin et Toni qui répondait des généralités flous....ou mauvaise traduction...mais ça m'avait donné un mal de crâne....
on lui a reproché de toujours écrire sur une Amérique du passé, certes, mais elle le fait bien.....

<<<de quoi s'agit-il, deux sœurs noires dans leur quotidien et découverte de la vie, Pécola ,noire, vilaine, son père, sa mère, son frère...c'est raconté en saison....c'est plus digeste et efficace que le Maya Angelou....

p.52 : elle restait assise de longues heures à se regarder dans la glace, en essayant de découvrir le secret de la laideur, cette laideur qui faisait qu’à l’école, les professeurs et ses camarades l’ignoraient ou la méprisaient. Il n’y avait qu’elle dans la classe à être seule à une table de deux….ils n’essayaient jamais de la regarder  et ils ne ’adressaient à elle qu’après avoir interrogé tout le monde…
depuis quelques temps, Pecola se disait que si ses yeux avaient différents, c’est-à-dire beaux, elle-même aurait été différente. Elle avait de belles dents  et un nez moins gros que certaines filles qu’on trouvait mignonnes…

p.54 : chaque soir sans faute, elle priait pour avoir des yeux bleus. Elle avait prié avec ferveur pendant un an…

p.55 : la tête grise de Mr Yacobowski apparaît au-dessus du comptoir….à un moment précis du temps et de l’espace, il sent qu’il n’a pas besoin de faire l’effort d’un regard. Il ne la voit pas, parce que pour lui il n’y a rien à voir. Comment un commerçant immigré de 52 ans…la sensibilité émoussé e par la conscience permanente de l’échec, pourrait-il voir  une petite fille noire ? rien dans sa vie ne lui a jamais laissé penser que cela était possible, pour pas dire désirable ou  nécessaire.
Ouais ? Elle lève les yeux vers lui et voit le vide là où devrait se trouver la curiosité. Et quelque chose de plus. L’absence totale de reconnaissance humaine….il y a quelque chose de blessant ; quelque part sous la paupière inférieure, il y a du dégoût. Elle l’a vu tapi dans les yeux de tous les blancs. Le dégoût  doit être pour elle, pour sa peau noire….

p.70 : ce quelqu’un qui a créé la rupture des saisons c’était une nouvelle qui est arrivée à l’école et qui s’appelait Maureen Peal. Une enfant de rêve avec de longs cheveux châtains nattés en deux cordes de lynchage qui lui pendaient dans le dos. Elle était riche …aussi riche que les plus riches des filles blanches, nées avec une cuillère d’argent dans la bouche…
Toute l’école était sous le charme. Quand les professeurs l’interrogeaient, ils lui souriaient pour l’encourager. Les garçons noirs ne la bousculaient  pas dans les couloirs, les garçons blancs ne lui jetaient pas de pierre, les filles blanches ne pinçaient pas les lèvres quand elles devaient travailler avec elle ; les filles noires s’écartaient quand elle voulait se servir du lavabo des toilettes…

p.73 : des garçons faisaient cercle autour d’une victime, Pecola Breedlove. …ils l’entouraient comme un collier de pierres…troublés par leur propre odeur, encouragés par la puissance facile que donne le plus grand nombre, ils la harcelaient pour s’amuser « noire-de peau, ton père dort à poil, noire-de peau, ton père dort à poil………le fait qu’eux-mêmes étaient noirs et que leurs pères avaient les mêmes habitudes n’avait rien à voir dans l’histoire. C’était le mépris qu’ils éprouvaient pour leur propre couleur qui donnait son mordant à l’insulte. Ils semblaient avoir réuni toute leur ignorance doucement cultivée, leur haine de soi si bien apprise, leur désespoir minutieusement mis au point, pour en faire un paquet de violence et de mépris…..

p.75 : Pecola ?  est-ce que ce n’était pas le nom de la  fille dans Imitation de la vie ?
- je  ne sais pas. Qu’est-ce que c’est ?
- le film, tu sais, il y a une fille mulâtre qui déteste sa mère parce qu’elle est noire et laide, mais à la fin elle pleure à son enterrement….

p.81 : J’ai dit : « arrête de parler de son père.
- qu’est-ce que j’en ai à faire de son vieux père noir, a demandé Maureen
- noir ? qui tu traies de noir ?
- vous !
…..à l’abri de l’autre côté, elle nous a crié : «  je suis mignonne ! vous  êtes laides ! noires et laides et noires de peau. Moi je suis mignonne ! »......

p.82 : nous nous laissions ensevelir par la sagesse, l’exactitude et la pertinence des dernières paroles de Maureen. Si elle était mignonne_ et si on pouvait croire quelque chose c’était bien ça _ alors nous ne l’étions pas. Et qu’est-ce que ça voulait dire ? Nous lui étions inférieures. Plus gentilles, plus vives, mais inférieures. Nous pouvions détruire des poupées mais ne pouvions détruire les voix douces des parents et des tantes, l’obéissance dans les yeux de nos égales, la lumière glissante dans le regard de nos professeurs quand ils rencontraient les Maureen Peal du monde……….la chose à a craindre c’était ce qui la rendait belle et pas nous.

p.91 : elles vont dans les collèges techniques d’Etat, des écoles normales et apprennent à accomplir avec délicatesse le travail de l’homme blanc : enseignement ménager pour lui préparer ses repas ; pédagogie pour enseigner l’obéissance aux enfants noirs, musique pour détendre le maître fatigué et distraire son âme engourdie. Elles apprennent là le reste de la leçon commencé dans ces maisons avec des balançoires sous le porche : comment se tenir. Comment développer avec prudence le sens de l’épargne, la patience, les bonnes  mœurs et les bonnes manières. En gros comment se débarrasser de la frousse…..elles mènent cette bataille jusqu’à leur tombe. Le rire est un peu trop bruyant ; la prononciation un peu trop ronde ; le geste un peu trop généreux. Elles rentrent leur derrière de peur d’un balancement un peu trop libre ; quand elles mettent du rouge, elles ne se recouvrent jamais entièrement la bouche de peur que leurs lèvres soient trop épaisses et elles sont inquiètes, à cause de leurs cheveux crépus.

p.95 : Des blancs ; sa mère n’aimait pas qu’il joue avec des nègres. Elle lui avait expliqué la différence entre les métis et les Noirs. Ils étaient facilement identifiables. Les métis étaient propres et calmes ; les nègres étaient sales et bruyants. Il appartenait au premier groupe : il portait une chemise blanche et un pantalon bleu ; il avait les cheveux coupés le plus ras possible pour faire oublier toute idée de laine, et le coiffeur lui découpait une raie dans les cheveux. En hiver, sa mère lui mettait de la lotion Jergens sur le visage pour que sa peau ne devienne pas d’un gris cendré. Même s’il avait la peau claire, elle pouvait devenir grise. La séparation entre les métis et les Noirs n’était pas toujours évidente ; des signes subtils et dénonciateurs menaçaient de l’ébrécher, et il fallait être constamment vigilant.

p.100 : Il y en avait partout. Elles dormaient à six ensemble et leurs pipis se mélangeaient  dans la nuit car elles mouillaient leur lit…elles traînaient désoeuvrées,  arrachaient le plâtre des murs et creusaient la terre avec des bâtons. Elles s’asseyaient en rang sur le rebord du trottoir, elles s’entassaient dans des bancs à l’église en prenant la place des enfants métis, jolis et propres…..l’herbe ne poussait pas là où elles habitaient. Les fleurs mourraient…elles erraient comme des mouches ; elles se posaient comme des mouches. Et celle-ci s’était posée dans sa maison. Elle la regardait par-dessus le dos arqué du chat. « Sors d’ici, a-t-elle dit de sa voix calme. Sale petite garce noire. Sors de chez moi ».

p.125 : je n’avais pas l’habitude de voir autant de Blancs. Ceux que j’avais vu auparavant, ils étaient odieux mais je ne les voyais pas beaucoup. Je veux dire qu’on n’avait pas trop d’échanges avec eux. De temps en temps, dans les champs ou au magasin, mais ils voulaient tout de nous. Au Nord, il y en avait partout_ à côté, en bas, dans les rues_ il y avait pas beaucoup de Noirs. Les Noirs du Nord étaient différents eux aussi. Hautains. Aussi méchants que les Blancs. Ils vous faisaient vous sentir qu’on était moins que rien, et je ne m’attendais pas à ça d’eux

p.132 : un docteur un peu âgé est venu m’examiner. …il a mis des gants sur une main et une espèce de gelée dessus et il me l’a fourrée entre les jambes…le vieux, il enseignait les bébés aux jeune….quand il est arrivé à moi, il a dit : «  avec ces femmes-là, on n’a aucun problème avec elles. Elles accouchent tout de suite sans douleur. Comme les juments ». Les jeunes ont eu un sourire….Je les ai vus qui parlaient à des femmes blanches : comment vous sentez-vous, vous allez avoir des jumeaux ? » des banalités bien sûr, mais gentilles…
p.134 : des yeux tout doux, tout humides. Un mélange de petit chien et de vieillard en train de mourir. Mais je savais qu’elle était laide. La tête couverte de jolis cheveux, mais Seigneur qu’est-ce qu’elle était laide.

p.177 : il aurait pu être homosexuel mais n’en avait pas le courage. Il n’avait jamais pensé à la zoophilie et la sodomie était hors de question car il n’avait pas l’idée de celle d’un autre car il n’avait pas d’érections prolongées et ne pouvait supporter l’idée de celle d’un autre. En outre, la seule chose, qui le dégoûtait encore plus que de pénétrer et de caresser une femme, était d’être caressé ou de caresser un homme…..aussi son attention s’était-elle portée….sur les enfants…il avait fini par limiter son intérêt aux petites filles.


p.178 : en bonne imitatrice de l’esprit victorien, elle avait appris de son mari tout ce qu’elle méritait de l’être_ à se séparer en corps, esprit et âme de tout ce qui pouvait rappeler l’Afrique….ils avaient transmis cette anglophilie à leurs 6 enfants et à leurs 16 petits-enfants… ils s’étaient élevés par le mariage en éclaircissant le teint de la famille et en atténuant les traits.
Avec une confiance née de la conviction de leur supériorité, ils réussissaient très bien à l’école. Ils étaient travailleurs, méthodiques et énergiques, et espéraient prouver sans discussion possible l’hypothèse de Gobineau selon laquelle « toutes les civilisations découlent de la race blanche, aucune ne peut exister sans son aide, et une société n’est grande et brillante que dans la mesure où elle préserve  la sang du groupe noble qui l’a créée »….

p.185 : qu’est-ce que je peux faire pour toi ?...mes yeux je veux qu’ils soient bleus…
de  tous les souhaits que les gens lui avaient adressés_ amour, argent, vengeance_ celui lui paraissait le plus poignant et mériter le plus d’être exaucé. Une petite fille noire qui voulait sortir de la fosse de sa négritude pour voir le monde avec des yeux bleus