lundi 9 avril, 6h du mat', première info du matin, le hongrois qui repousse les étrangers est réélu pour un 3ème mandat de 4 ans...fréquence sur la radio bleue :
1er interrogé : "
grâce à ça, on n'aura pas ce qui se passe à Paris où des gens noirs brûlent des voitures sur les Champs-Elysées "
2ème interrogé :
toutes ces attaques de migrants qu'on voit en Europe ça nous fait peur, on veut qu'il continu sa politique anti-immigration"
<<<<ça s'est répété à 7 et 8 heures
nous entrons dans la voiture...la radio sur la fréquence de la station commerciale rouge...les infos et oh ! pour changer un reportage sur les migrants...cette fois, des riverains se plaignent à la maire des problèmes d'hygiène que leur présence en grand nombre provoque....et on a peur de sortir le soir....
Un nouveau campement de migrants, installé vers la porte de la Villette à Paris, grossit à vue d’œil. Plus de 1000 personnes vivent dans des conditions déplorables.
« Je suis nouveau. Vous savez où on peut trouver à manger? » Arrivé pendant la nuit à Paris, Simon, Érythréen de 17 ans, fait partie du millier de migrants installés vers la porte de la Villette, sur un nouveau campement qui grossit dans l’indifférence.
« 1.266 personnes ont été décomptées » lors d’une maraude mardi soir, affirme Pierre Henry de France terre d’asile.
Le froid pique sur le canal balayé par les vents. Les tentes sont serrées sous les piles des ponts. Pas d’accès à l’eau potable, un ramassage des ordures compliqué… « Les conditions sont pires qu’à La Chapelle (autre campement de migrants, ndlr) parce que c’est isolé et enclavé », soupire Louis Barda de Médecins du Monde, qui mène des maraudes deux fois par semaine sur le site, dans le nord-est de Paris.
Problèmes d’hygiène, suspicion de gale… les maux « classiques » de la grande précarité sont présents. Mais la situation se complique du fait que « les passeurs sont redescendus de Calais. Beaucoup d’Érythréens ne veulent pas rester, ils font leur marché », ajoute M. Barda.
Blouson trop léger sur les épaules et croix en bois autour du cou, Simon fait partie de ces migrants qui veulent « aller en Grande-Bretagne ». Déboussolé, il suit en grelottant un groupe qui s’éloigne vers une distribution de repas, porte de La Chapelle.
« Parfois, on ne mange pas pendant un jour ou deux. Quand on arrive en fin de la file, il n’y a plus rien », explique Yacine, Soudanais de 23 ans.
D’autres campements se sont formés non loin de là, quai de Valmy, réunissant 350 personnes, Afghans essentiellement, et, dans des conditions terriblement précaires, autour de la porte de La Chapelle, près du centre de premier accueil (CPA) qui hébergeait les migrants depuis 2016.
Mais le CPA va fermer d’ici quelques jours et n’accepte déjà plus personne. Le nouveau système, avec ses centres d’accueil de jour et ses 750 places d’hébergement, se met lentement en place, sans empêcher la formation de nouveaux campements comme celui de la Porte de la Villette.
Des maraudes y sont menées. Mais « lorsqu’on intervient deux fois par semaine, auprès de personnes auxquelles on propose une solution d’hébergement immédiat, on a des refus, en nombre, ce qu’on ne comprend toujours pas », assure-t-on à la préfecture de région.
Khaled, Soudanais de 22 ans installé depuis trois mois, avance une explication:
On risque de se faire expulser vers l’Italie si on va dans un centre.
Une crainte proche de celle des associations, qui dénoncent depuis des mois une logique de « tri » à l’oeuvre dans les centres d’hébergement pour orienter les migrants en fonction de leur situation — demandeurs d’asile, nouveaux arrivants, mais surtout « dublinés » enregistrés dans un autre pays européen où ils peuvent être transférés.
Il y a aussi des réfugiés sur le campement. « J’ai un titre de séjour depuis 2015 », raconte Abdelrahmane, un Soudanais de 30 ans. Pourquoi dort-il ici, « sans couverture, sans sac de couchage »? « J’avais une chambre à Thouars (Deux-Sèvres, ndlr). Mais il n’y avait pas de cours de langue, pas de travail. J’ai préféré revenir ici », raconte cet ancien électricien.
Quand le campement sera-t-il évacué? « Il faut que les acteurs institutionnels cessent de se renvoyer la balle et agissent », tempête Pierre Henry.
A la Ville, on plaide pour « une mise à l’abri générale ». « On suit la situation, on y est plus qu’attentifs », affirme-t-on à la préfecture de région, en rappelant que « plus de 2.000 » migrants à la rue ont été pris en charge depuis le début de l’année, dont 200 mercredi matin vers le nord de Paris.
Mais « il faut imaginer un dispositif dans lequel tout le monde puisse être mis à l’abri, et en une semaine ou deux passer dans les CAES », ces nouveaux centres où les situations administratives sont examinées.
© 2018 AFP
Karim et Yves, partis du Cameroun, ont risqué leur vie à travers l'Afrique pour atteindre l'Espagne et réaliser leur rêve: l'un joue au football et l'autre au rugby. Mais leur vie quotidienne reste un parcours d'obstacles.
Yves Kepse Tchonang, 1,73 m et 112 kilos de muscles, est première ligne au Rugby Club de Valence, un club de deuxième division espagnole dans l'est du pays.
Karim Issa Abdou, 27 ans comme lui, joue à 700 km de là, à Jerez de la Frontera, dans le petit club de football Alma de Africa ("Ame d'Afrique"), majoritairement composée d'émigrés africains: Camerounais, Marocains, Nigérians, Sénégalais ou Guinéens.
Ils ne sont pas les seuls à atteindre les côtes espagnoles avec l'espoir de réussir dans le sport. D'après les ONG et les migrants eux-mêmes, un quart des nouveaux arrivants déclarent vouloir devenir joueurs professionnels.
Mais la plupart ne font que traverser l'Espagne, où le taux de chômage est un des plus élevés d'Europe, pour chercher fortune plus au nord.
Karim et Yves sont sportifs amateurs, non rémunérés pour jouer. Leur vie est faite de petits boulots mais ils bénéficient de la solidarité de leur entourage et sont intégrés grâce au sport.
Karim, un jeune homme mince au rire contagieux né dans une famille de nomades, a quitté Ngaoundéré, dans le nord du Cameroun, à l'âge de 10 ans avec un ami.
Il n'est arrivé que sept ans plus tard, en 2008, à Melilla, une des deux enclaves espagnoles au nord du Maroc qui forment les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec l'Afrique.
Le franchissement de la triple clôture lui a laissé une longue cicatrice à la cuisse gauche, malgré les cinq pantalons passés l'un sur l'autre pour se protéger des barbelés tranchants.
Avant de l'escalader, il a survécu trois ans dans la montagne du Gourougou au Maroc, qui surplombe Melilla, après un voyage éreintant à travers le Nigeria, le Niger et l'Algérie.
"Quand tu es un gamin, parfois des gens te prennent ton téléphone, ce que tu as, tes sacs, tes habits, ton argent... tu recommences à zéro", raconte-t-il, des écouteurs autour du cou. "Si j'avais su ce que je vivrais jusqu'à maintenant, je ne serais pas venu."
D'autres joueurs d'Alma d'Africa ont surmonté des épreuves similaires. Malick Doumbouya, un Guinéen de 18 ans, raconte avoir été séquestré par des islamistes dans le nord du Mali. "Ils nous ont retenus jusqu'à ce qu'on leur donne tout notre argent."
Son coéquipier Christian Tchikagoua, un Camerounais de 22 ans, a perdu son meilleur ami, qui s'est noyé en tentant de gagner l'enclave de Ceuta à la nage.
En 2017, plus de 28.000 migrants sont arrivés en Espagne et plus de 220 ont perdu la vie en Méditerranée.
Yves Kepse porte également des cicatrices du franchissement des barbelés de la frontière. Il raconte avoir quitté en 2012 sa ville natale de Bafoussam dans l'ouest du Cameroun, en "priant pour ne pas mourir" en cours de route. "Je n'aurais jamais quitté ma maison si j'avais su ce qui m'attendait", dit-il lui aussi.
Il a financé son voyage en travaillant comme électricien, maçon ou déménageur pour 1,50 euro par jour. L'étape la plus dure a été le Niger, dit-il. "Là-bas, au moment de te payer, on appelle la police."
Mais "si je retournais (chez moi), c'est comme si je me retrouvais au point de départ. Comme si cette souffrance n'avait servi à rien", dit Yves pour expliquer sa ténacité.
Une fois en Espagne, les migrants ne sont pas au bout de leurs peines: il leur faut trouver du travail, un logement et obtenir un titre de séjour.
Le Rugby Club emploie Yves comme réceptionniste et électricien pour 850 euros par mois et l'a aidé à être régularisé en août dernier.
Karim, lui, n'a toujours pas obtenu ses papiers. Il vit de petits boulots non déclarés, comme jardinier ou laveur de voitures.
"Ce sont des fantômes", témoigne Alejandro Benitez, président d'Alma de Africa. "On ne se rend pas compte de la peur qu'ils ont."
Karim vante la "stabilité" que lui apportent son club et sa compagne espagnole, avec qui il est marié depuis peu, assurant que cela l'a sorti de problèmes de drogue et lui permet de mieux supporter la peur d'une éventuelle expulsion.
"Si je n'avais pas l'équipe, et si je n'avais pas ma femme, je ne serais pas ici", dit-il.
Ils rêvent de devenir sportifs professionnels, un but difficile à atteindre pour l'instant.
Alma de Africa grimpe depuis 2015 les échelons des championnats régionaux, mais dépend des dons et des sponsors et a du mal à s'en sortir financièrement, explique Alejandro Benitez, qui encourage ses joueurs à se former et à chercher du travail.
Fran Baixauli, président du club où évolue Yves Kepse depuis quatre ans, lui donne le même conseil. "Je lui ai toujours dit: ne perds pas le nord, suis la formation que tu peux. Si c'est comme électricien, et bien deviens électricien", dit-il. "Le sport ne dure pas toute une vie."
Les sportifs ne perdent toutefois pas espoir de percer un jour.
"Si tu travailles dur, tu sais que si une équipe te remarque, tu peux changer de catégorie. Le rêve, c'est de vivre de ça, même si on ne gagne que 1.000 euros par mois", dit Karim. "On ne sait jamais. Un jour ou l'autre, une porte peut s'ouvrir."
Samedi 24 mars, une information judiciaire a été ouverte en Italie, après la mort d'une Nigériane, enceinte et malade, qui avait tenté en vain de gagner la France avec son mari. Elle est morte la semaine dernière dans un hôpital de Turin. Son bébé, né par césarienne juste avant, est un grand prématuré mais se porte plutôt bien, selon les médecins.
La jeune femme de 31 ans et son mari vivaient près de Naples. Quand elle a réalisé qu'elle souffrait d'un lymphome, elle a souhaité finir sa grossesse auprès de sa sœur en France, mais les gendarmes français ont bloqué le couple à la frontière, le 9 février dernier.
Alors que la jeune femme était enceinte de six mois et peinait à respirer à cause de son lymphome, les gendarmes l'ont simplement déposée en pleine nuit devant la gare de Bardonecchia, tout près de la frontière, selon Rainbow for Africa. "Les transporteurs traitent mieux les colis", a dénoncé Paolo Narcisi, un responsable de cette association qui participe à l'aide aux migrants du côté italien des Alpes.
Le mari a ensuite précisé à des médias italiens que c'est lui qui avait été bloqué à la frontière, et que sa femme, autorisée à entrer en France, avait choisi de rester avec lui. Hospitalisée à Rivoli, au pied du Val de Suze, puis dans un service spécialisé à Turin, elle n'a survécu que quelques semaines.
Son bébé, prénommé Israël, né le 15 mars à 29 semaines de grossesse, pesait alors 700 grammes. En une semaine, passée essentiellement sur le ventre de son père, il a atteint près de 1 kg, selon les services médicaux. L'histoire est largement reprise dans les médias italiens, qui rappellent les déboires en France d'un bénévole convoqué après avoir porté assistance à une famille nigériane, dont une femme enceinte.
https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/italie-polemique-apres-la-mort-d-une-migrante-enceinte-qui-avait-tente-en-vain-de-gagner-la-France