mercredi 22 avril 2020

Slurp

p.164 : A quoi se rattacher ? Vers qui jeter des cris de détresse ? A quoi pouvons nous croire ? Toutes les religions sont stupides, avec leur morale puérile et leurs promesses égoïstes, monstrueusement bêtes...
...Bigre ça ne doit pas être gai chez lui. Je ne voudrais pas un fauteuil de balcon pour assister au défilé de ses idées, nom d'un chien"

dimanche 19 avril 2020

Le vent tourne

Bon ben...lundi 13, notre jeune président a annoncé que le confifi est prolongé jusqu'au 11 mai : euh bon...je n'ai pas écouté son intervention...je ne me fais toujours pas à sa voix...
je suivais l'affaire sur twitter....et les résumés info radio...
les écoles vont ouvrir leur portes, pas les fac: "oh la la nos enfants vont être exposés, gna, gna, gna, gna"...
le président a dit qu'il "faut aider l'Afrique" et effacer sa dette : au ssseeccoouurrss....
comme je m'y attendais on commence à se demander qui sauver : l'économie ou la vie ?.....
l'année dernière à la même date, on pleurait Notre -Dame en feu....j'attends l'événement qui sera plus fort que le virus et qui le chassera du haut de l'affiche....
 Bon alors les Noirs....
depuis que l'on s'est aperçu que beaucoup de Noirs ricains mourraient du covid...l'info est reprise de la façon habituelle : les noirs sont pppaaauuuvvvrrreeesss
j'ai vu un reportage qui nous dit que les noirs morflent à New-York, et interview d'un médecin indien, pour dire que ça touchent les noirs parce que pauvres... ils n'ont pas trouvé un médecin noir...pas un seul...à New-York ....aaauuu ssseeecccouuurss !
ce matin dans les infos radio, le philosopheux Comte-Sponville donne de ses nouvelles, en rajoutant une 2ème couche au cas où la première nous aurait échappé et effectivement, le radar n'avait rien décelé ...alzheimer et le cancer ne sont pas...contagieux...je dis ça, je ne dis rien...
oui les média en font des tonnes,mais vu que tout est "mis en suspend"...ils n'ont que ça à se mettre sous la dent....et le font lourdement....

sur Inter :
 "Il faut d'abord se rappeler que l'énorme majorité d'entre nous ne mourra pas du coronavirus. J'ai été très frappé par cette espèce d'affolement collectif qui a saisi les médias d'abord, mais aussi la population, comme si tout d'un coup, on découvrait que nous sommes mortels. Ce n'est pas vraiment un scoop. Nous étions mortels avant le coronavirus, nous le serons après
...........
l'énorme majorité d'entre nous mourra d'autres choses que du coronavirus. Il faut quand même rappeler que le taux de mortalité, les experts en discutent toujours, mais c'est un ou deux pour cent. Sans doute moins quand on aura recensé tous les cas de personnes contaminées qui n'ont pas de symptômes". 
..............
"Est-ce la fin du monde ?"
 "C'est la question qu'un journaliste m'a récemment posée. Vous imaginez ? Un taux de létalité de 1 ou 2 %, sans doute moins, et les gens parlent de fin du monde. Mais c'est quand même hallucinant.
........
En quoi les 14 000 morts du Covid-19 sont-ils plus graves que les 150 000 morts du cancer ? Pourquoi devrais-je porter le deuil exclusivement des morts du coronavirus, dont la moyenne d'âge est de 81 ans ? Rappelons quand même que 95 % des morts du Covid-19 ont plus de 60 ans. 
......
 "Il fallait évidemment empêcher que nos services de réanimation soient totalement débordés. Mais attention de ne pas faire de la médecine ou de la santé, les valeurs suprêmes, les réponses à toutes les questions. Aujourd'hui, sur les écrans de télévision, on voit à peu près vingt médecins pour un économiste. 
C'est une crise sanitaire, ça n'est pas la fin du monde. 
.............
Et je me demande ce que c'est que cette société qui est en train de faire de ses vieux la priorité des priorités. Bien sûr que la dépendance est un problème majeur, mais nos écoles, nos banlieues, le chômage des jeunes, sont des problèmes, à mon avis encore plus grave que le coronavirus, de même que le réchauffement climatique, la planète que nous allons laisser à nos enfants. 
...........
Ça n'est pas pour condamner le confinement, que je respecte tout à fait rigoureusement. Mais c'est pour dire qu'il n'y a pas que le Covid-19 et qu'il y a dans la vie et dans le monde beaucoup plus grave que le Covid-19".
https://www.franceinter.fr/idees/le-coup-de-gueule-du-philosophe-andre-comte-sponville
sur Europ' :
"Depuis un mois dans tous nos journaux télévisés et radiophoniques, on commence par le coronavirus, on termine par le coronavirus et entre les deux on a parlé que du Covid-19", 
..................
le confinement est acceptable en situation exceptionnelle et pour une vraie durée". "Au fond ce qui le justifie c'est qu'il fallait que nos services d'urgence et de réanimation ne soient pas submergés par des milliers de cas graves qu'on aurait laissé mourir sans soins, faute de pouvoir s'occuper de tous. Je ne dis donc pas que le confinement n'était pas justifié. Je dis, simplement qu'on pourrait des fois réfléchir à ses modalités d'application
on pourrait tenir compte davantage de la souffrance des gens confinés, les gens tous seuls y compris les vieillards et ceux dans un deux-pièces avec trois ou quatre enfants, les maris violents, les pères violents. Il y a une souffrance qui est considérable
...............
Quand j'entends à la télévision des médecins nous dire qu'on continuera tant que ça sera médicalement nécessaire je dis : attention. Il n'est pas question que l'on nous enferme indéfiniment pour une maladie". D'autant que la létalité du coronavirus n'est que de 1 ou 2%
"Il faut aussi défendre notre liberté", martèle-t-il, se disant excédé "par ce climat dépressif, et geignard où on nous appelle à porter le deuil des 14.000 morts du Covid-19". Dénonçant "le sanitairement correct", "on ne nous dit plus ce qu'on croit vrai, mais ce qui fait plaisir à entendre". 
..................
Le confinement a des retombées économiques lourdes dont seront victimes en priorité les plus jeunes. Ils n'osent pas dire ça parce qu'ils ont peur qu'on les accusent d'oublier leurs aînés, mais moi qui ait 68 ans, je ne supporte plus que, pour sauver notre vie éventuellement, mais nous mourrons quand même par ailleurs, on sacrifie l'avenir de nos enfants
On est en train de créer des millions de chômeurs. (...) Je ne peux pas considérer sereinement le fait qu'on est en train d'endetter massivement nos enfants, de refaire du chômage alors qu'ils commençaient à reculer pour s'occuper de notre santé, de vieux", Il faudra bien mourir un jour de toute façon". 
https://www.europe1.fr/societe/confinement-reduire-les-libertes-oui
pendant ce temps Trump, le président téfal, au cul bordé de nouilles....encourage les manifestations anti-confinement....

 Du New Hampshire à la Californie, en passant par le Texas ou l'Ohio, des manifestants souvent pro-Trump ont réclamé samedi la fin du confinement face au coronavirus, encouragés par le président américain qui a estimé que certains gouverneurs étaient «allés trop loin» dans les restrictions.
Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit Etat du New Hampshire (1,3 million d'habitants), relativement épargné par l'épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain, Chris Sununu, y a ordonné un confinement au moins jusqu'au 4 mai.

«Les chiffres mentent» ou «Rouvrez le N.H.», proclamaient certaines pancartes brandies par les manifestants. Parmi eux figuraient des hommes armés et cagoulés, et des manifestants portant des casquettes pro-Trump.
«Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu'il faut», mais «les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire», a indiqué Skip Murphy, 63 ans, qui votera pour réélire Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.
...................
A Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l'AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. «La pauvreté tue aussi», disait une pancarte, «Je n'obéirai pas à des décrets illégaux», affirmait une autre.
..................
A Austin, capitale du Texas où le gouverneur républicain Greg Abbott a annoncé la réouverture des parcs et de certaines activités lundi, environ 250 personnes ont répondu à l'appel à manifester des responsables du site d'extrême droite Infowars, connu pour ses thèses complotistes. Leurs slogans dénonçaient notamment «l'effondrement économique» précipité par l'arrêt de toutes les activités non «essentielles».
...........
Des manifestations ont aussi eu lieu à Columbus (Ohio), à San Diego, en Californie, a constaté l'AFP, ou encore dans l'Indiana, le Nevada ou le Wisconsin, selon des médias locaux.
Partout, les manifestants, brandissant souvent des drapeaux américains, semblaient ignorer les consignes de distanciation sociale.
Si ces rassemblements semblaient réunir avant tout des conservateurs partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations étaient surtout économiques.
..............
Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.
«Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir», a-t-elle dit à l'AFP.
«Nous avons aux Etats-Unis des droits constitutionnels», a souligné Amira Abuzeid, mère au foyer à Austin. «Les gens ont le droit de travailler, ils ont le droit de manger, ils ont le droit de se réunir librement, et ces droits ne peuvent pas être retirés sur la base d'une science défaillante», a-t-elle ajouté.
Bien que les manifestants soient généralement peu nombreux, de tels rassemblements se sont multipliés ces derniers jours aux Etats-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 730.000 cas confirmés et 38.000 morts.
La plus importante s'est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé le confinement ordonné par la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.
encore un détendu du gland  : Paul Molga, est journaliste aux Echos....causant de la visite surprise de notre jeune président à la voix insupportable, à Marseille  au Pr Raoult qui aurait la solution contre le virus....
Bruce : vous affirmez dans les Echos ce soir que la nouvelle étude du professeur Raoult a été montré au président de la République et que les résultats sont spectaculaires.
Paul : alors il en a pris acte, effectivement il l’a montré et il l’a vu, vous savez à Marseille et à l’IHU, la moitié de la population est africaine, la moitié des soignants est africaine donc la rumeur court vite. Donc on a su très très rapidement qu’en effet l’étude avait été présentée.
<<<<oui Bruce lui a demandé de précise sa pensée parce que ça a dû siffler dans son oreillette
Bruce : Je n’ai pas compris ce que vous avez dit au tout début de votre intervention, je n’ai pas compris le rapport entre le fait qu’il y ait des Africains dans le service et le fait que l’information se répande ?
Paul: ah oui, non, pardon…
Bruce : ça s’apparente à un propos raciste et ça, ça m’ennuie un petit peu.
Paul : ah oui non non pas du tout, c’est pas ça. Bien évidemment, personne n’a pu pénétrer à l’IHU, mais la rumeur est très très forte dans cet établissement, et ça va de couloirs en étages. Donc moi qui était à l’extérieur et en dehors, j’ai appris ce qu’il s’y passait et j’ai pu suivre par des interlocuteurs et des correspondants à l’intérieur ce qu’il s’y passait bien évidemment.
Bruce : Merci beaucoup mais en effet aucun rapport avec le fait que ces personnes soient Africaines ou pas, parce que là ça me paraissait étrange.
quelqu'un a du temps à perdre sur le cas de Paul ?...moi non

samedi 11 avril 2020

Sur le podium....part 125

si j'avais  le temps et le voulais vraiment, je me demanderais à quel degré est la personne derrière tout ça...on dirait une pub raciste asiatique....

vendredi 10 avril 2020

Je lis

Pensant pouvoir se rendre aisément en France depuis la Tunisie, Jocelyne, une Ivoirienne quadragénaire, s'est laissée payer un billet d'avion pour Tunis. Elle y restera bloquée pendant deux ans à travailler dans de difficiles conditions. À son retour en Côte d'Ivoire, la déception de son entourage et le poids de l'échec la feront déménager à l'autre bout d'Abidjan pour tourner définitivement la page de son passé.

"Je m'appelle Jocelyne mais on me surnomme Beyoncé car j'adore la musique et la danse. Je suis partie à Tunis en avion il y a presque trois ans. Ici, en Côte d'Ivoire, on m'avait dit que je pouvais facilement me rendre en France depuis la Tunisie, qu'il y avait un métro qui reliait le pays à l'Italie puis un autre métro de l'Italie à la France. Mon objectif a toujours été la France car je voulais revoir ma mère que je n'ai pas vu depuis 30 ans. Elle y est partie quand j'étais très jeune.
Je me suis décidée à partir lorsque mon mari est décédé. Je n'arrivais pas à subvenir seule aux besoins de ma famille. J'ai quatre enfants de 10, 13, 19 et 21 ans. Ils sont partis vivre chez leurs grands-parents paternels et moi je suis partie seule pour la Tunisie. Quand j'ai vu les petites embarcations fragiles sur lesquelles ils voulaient nous mettre pour traverser la mer, j'ai dit non tout de suite. J'ai des enfants, hors de question de prendre ce risque.
........
le meilleur passage :
En Tunisie, quand tu es noire tu te caches tout le temps
Peu après, j'ai été agressée deux fois à l'arme blanche en rentrant du travail. Je sortais tard, vers minuit et je rentrais seule dans un quartier mal fréquenté. Ce sont des jeunes Tunisiens qui m'ont agressé, ils ont pris mon argent, mon portable et mon sac. Sans papiers, impossible d'aller porter plainte à la police. C'est là que j'ai voulu rentrer en Côte d'Ivoire, mais je ne pouvais pas tout quitter du jour au lendemain, il me fallait un peu d'argent pour me réinstaller.
Donc j'ai changé d'emploi, j'ai commencé à travailler dans une clinique vétérinaire où je donnais à manger aux animaux....................
 Les choses se sont compliquées aussi avec mon patron qui voulait coucher avec moi, mais j'ai résisté, je lui disais que je sa femme était aussi ma patronne, qu'elle était gentille avec moi, que je ne pouvais pas lui faire ça. Il m'a harcelée pendant des mois mais il n'est jamais parvenu à ses fins. Par contre il m'a fait vivre un enfer, il me criait dessus tout le temps.

De manière générale, les hommes Tunisiens sont très irrespectueux des femmes, surtout les noires. Il m'est arrivée de me faire agripper les seins par un inconnu dans la rue, ou de me faire claquer les fesses plusieurs fois. Ce qui est choquant c'est qu'ils sont souvent très jeunes. En gros quand tu es noire, tu te caches tout le temps, pour aller travailler, pour rentrer chez toi… Tu as peur soit d'être agressée soit d'être arrêtée par la police. C'était un calvaire.
Je n'ai jamais réussi à envoyer de l'argent au pays pendant ces deux années en Tunisie. Comme j'avais peur d'être agressée, j'ai déménagé dans un meilleur quartier et je dépensais tout ce que je gagnais pour la vie courante : la nourriture, mon loyer, des médicaments pour mes blessures, etc.
...............................
Finalement j'ai quitté mon quartier d'origine, Riviera (dans l'est d'Abidjan, ndlr), car ça commençait à beaucoup parler sur moi, les gens me jugeaient, ils disaient que j'avais échoué sans savoir ce qui m'était arrivé. Ils pensaient que j'avais juste quitté l'aventure. Une nouvelle fois, j'ai laissé tout ce que je connaissais derrière moi. Ici à Songon (une petite commune à l'ouest d'Abidjan, ndlr) personne ne connaît mon histoire, c'est une nouvelle vie, personne ne peut parler de moi.
...............................
Ici on entend beaucoup de mal sur la Libye, beaucoup moins suIr la Tunisie. Si j'avais su, jamais je ne serais partie. Il y a des gens qui sont revenus comme moi et qui disent de ne pas partir mais le problème c'est que ceux qui veulent vraiment partir ont le cerveau déjà lavé, ils ne veulent pas vous croire, ils pensent qu'ils peuvent faire mieux que vous. Et surtout, les passeurs leur payent le billet d'avion donc ça les incite. Moi je parle à personne de ça, sauf à mes enfants, je leur dis que ce n'est pas une option. Mais je ne leur donne pas de détails sur ce qu'il m'est arrivé, c'est trop difficile d'en parler. Au final je ne veux pas avoir de regrets car grâce à cette expérience j'ai ouvert mon restaurant, c'est un rêve durement payé mais aussi et surtout une nouvelle vie."

Je lis sur les migrants arabes

un article...

Influencés par les récits et photos idylliques de connaissances installées en Europe, des milliers de jeunes Maghrébins prennent chaque année le risque de l'émigration, parfois au péril de leur vie.

En ce jour pluvieux, Oussama, 31 ans, est attablé à un petit café d'Istanbul aux lumières blafardes. Originaire d'Annaba, ville côtière de l'est algérien, il s'est envolé pour la Turquie en 2017.
Oussama est un harraga, ou «brûleur» en arabe maghrébin, l'un de ces nombreux clandestins du Maroc, d'Algérie ou de Tunisie qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la Méditerranée ou les Balkans –un trajet qui s'avère fatal pour certains.
Le rêve d'Oussama, c'est Paris. Afin de s'y rendre, il a déjà effectué deux tentatives pour franchir la frontière gréco-turque et parcourir les Balkans. La première fois, à peine eût-il le temps d'entrer en Grèce que les chiens des gardes-frontières lui lacéraient les jambes. La deuxième fois, la police grecque l'a tellement battu qu'il n'a pas pu ouvrir un œil pendant des semaines. Il en garde les stigmates.
«Ils ont aussi pris toutes mes affaires, mes habits et m'ont jeté dans la rivière», raconte Oussama. Malgré cela, il n'en démord pas: il retentera le coup.

Comment est-il si certain que ce périlleux trajet en vaut la peine? Oussama voit l'expérience que relaient des connaissances en Europe sur Facebook: «C'est en voyant la meilleure vie que mènent mes amis en Europe que j'ai décidé de partir. L'Algérie n'a rien à offrir
À titre d'exemple, il montre des photos tout juste envoyées de Paris par Mido, un harraga qui a fait le trajet depuis Istanbul il y a quelques mois. On y voit le jeune homme tout sourire, les ruelles pittoresques du VIIe arrondissement et une tour Eiffel étincelante. Vêtements de marque, liasses de billets et selfies aux côtés de filles blondes européennes, certains surjouent la success story.
Le phénomène semble particulièrement prégnant chez les jeunes, comme le notait en 2018 un rapport de l'association Trajectoires sur les migrants mineurs non accompagnés du Maroc en Espagne et en France.
Ces mises en scène permettent de ne pas perdre la face vis-à-vis de la famille ou des amis restés au pays. «S'ils publient ce genre de contenu, c'est parce qu'ils ne pourraient pas supporter le regard qu'ils ont fait tout ça pour rien», affirme Kouceila Zerguine, avocat et militant des droits humains, défenseur des harragas.
D'autres pages Facebook et comptes Instagram administrés depuis le Maghreb ont vocation à faire rêver. Aux photos de trajectoires migratoires en bateau ou à pied se mêlent des clichés d'une Europe idyllique: des harragas posant dans les quartiers les plus cossus de Paris, de Milan et de Londres ou aux côtés de blondes sulfureuses.
.................................
En 1975, bien avant l'avènement de Facebook ou d'Instagram, le sociologue Abdelmalek Sayad expliquait déjà la reproduction de l'émigration à travers une «méconnaissance de la vérité objective» de celle-ci entretenue par les immigrés de retour au pays.
Mais si l'imaginaire de la ghorba, ou terre d'asile, fut jadis façonné par des récits rapportés par les immigrés, aujourd'hui, c'est avant tout par la toile qu'il est véhiculé. «Des réalités qui se disaient déjà dans les années dans les années 1970 sont renouvelées par Facebook», observe Farida Souiah.
...............................
C'est souvent sur Facebook ou Instagram que les passeurs proposent leurs services. Et sur ces mêmes pages qui idéalisent l'Europe, on partage ses expériences entre harragas et on échange des tuyaux pour éviter les gardes-côtes et mener son trajet à bien.
En tentant de se dédouaner de leur responsabilité dans l'émigration, les autorités algériennes ont même directement incriminé les réseaux sociaux.
.......................
En réalité, certaines pages Facebook préviennent aussi des dangers de la traversée et de la difficulté à vivre en Europe: nombreuses sont les publications au sujet d'embarcations qui ont chaviré, d'autres montrent des harragas dormant dans les rues de villes européennes.
................................
En arrivant sur place, les harragas doivent toutefois composer avec le décalage entre ce que relaient les réseaux sociaux et la réalité.
Ce fut le cas de Mohammed*, Algérien de 33 ans travaillant comme serveur dans un café de Londres.
Originaire de la ville de Bouira, Mohammed est arrivé en Grande-Bretagne il y a dix ans. «Facebook m'a vendu un rêve», confie-t-il. Depuis son téléphone portable, il montre des clichés photoshoppés de Londres, sur lesquels il projetait ses aspirations avant de partir.
«Quand je suis arrivé à Londres, c'était la désillusion totale. Je savais que ça serait difficile, mais pas à ce point. La culture européenne est très individualiste», décrit celui qui est venu à l'aide d'un visa touriste dont il a «brûlé» la date de validité.
Selon Farida Souiah, si ces migrants sont souvent conscients des périls de la migration et de l'adversité qui les attend «là-bas», ils se laissent rêver. «Il suffit de quelques clichés pour maintenir le mythe», avance-t-elle.
Pour Oussama, ces clichés, c'est un objectif de vie: «Une fois arrivé en Europe, tout ira mieux. Et un jour, moi aussi je publierai un selfie en bas de la tour Eiffel.»