j'ai fini mon 3ème Confiant...Commandeur sucre, c'est copieux, le style est riche, il tord, étire les mots, mais zéro, mais alors zéro sens du récit, et puis il ne sait pas s'effacer derrière ses personnages....il y a toujours cet abus du mot nègre...
j'ai essayé d'enchaîner avec un Maryse Condé que j'avais lu en 2008, ça passe pas, Condé est dans un français impeccable, voire précieux....elle écrit mieux que lui, y'a pas photo, mais la créolité de Confiant est plus prononcée...
de quoi ça cause ?....
de l'habitation Bel-Event, de la récolte de la canne à sucre en 1936....la canne à sucre et les métiers autour....le mulâtre Firmin Léandor.....
et pis surtout il y a le colorism
p.15 : n'avais- je pas été dénoncé par un nègre-maquereau, un nègre-à-béké ? Mon père m'avait toujours mis en garde : "méfie-toi du nègre ! Il n'y a pas plus traître que cette nation-là. Il te voit pisser deux secondes, le voilà qui va rapporter que tu passes ton temps à fainéanter dans la canne du Blanc." Ma mère ajoutait :"c'est la dernière des races après les crapauds-lâdres et les coulis".
j'ai essayé d'enchaîner avec un Maryse Condé que j'avais lu en 2008, ça passe pas, Condé est dans un français impeccable, voire précieux....elle écrit mieux que lui, y'a pas photo, mais la créolité de Confiant est plus prononcée...
de quoi ça cause ?....
de l'habitation Bel-Event, de la récolte de la canne à sucre en 1936....la canne à sucre et les métiers autour....le mulâtre Firmin Léandor.....
et pis surtout il y a le colorism
p.15 : n'avais- je pas été dénoncé par un nègre-maquereau, un nègre-à-béké ? Mon père m'avait toujours mis en garde : "méfie-toi du nègre ! Il n'y a pas plus traître que cette nation-là. Il te voit pisser deux secondes, le voilà qui va rapporter que tu passes ton temps à fainéanter dans la canne du Blanc." Ma mère ajoutait :"c'est la dernière des races après les crapauds-lâdres et les coulis".
p.16 : - Héééé, foutre ! En voilà une qui est venue chercher un bébé à bels cheveux plats !
Il convient de dire qu'à cette époque nous faisions la course pour éclaircir la race. Personne ne voulait mettre au monde des enfants trop noirs ou aux cheveux trop grainés car cela revenait à prolonger la déveine qui est sur la tête du nègre depuis que le monde est monde. A allonger la chaîne des gueux, si vous préférez. Chacun cherchait à concubiner avec quelqu'un de plus clair que soit ou à lui faire boire un bouillon-onze-heures afin qu'il vous épouse.
Il convient de dire qu'à cette époque nous faisions la course pour éclaircir la race. Personne ne voulait mettre au monde des enfants trop noirs ou aux cheveux trop grainés car cela revenait à prolonger la déveine qui est sur la tête du nègre depuis que le monde est monde. A allonger la chaîne des gueux, si vous préférez. Chacun cherchait à concubiner avec quelqu'un de plus clair que soit ou à lui faire boire un bouillon-onze-heures afin qu'il vous épouse.
p.19 : le samedi, elle confectionnait des bonbons créoles de toutes qualités, des tamarins glacés, des doucelettes, des berlingots, des tôtôtes de fruit-à-pain qu'elle venait vendre à Grand-Bourg.
p.33 : un coulis haillonneux passa dans le chemin...Il se méfiait de cette race qu'il jugeait à la fois pleine de sournoiserie et faiblarde. Il n'y avait que les "échappés-coulis", surtout ceux dont la mère était une négresse qui possédaient suffisamment de ténacité pour tenir un coutelas sous le soleil du matin au soir.
p.34 : le commandeur voulut l'injurier mais il se retint. Il n'y avait aucune parade contre cette catégorie de nègres rebelles qui habitaient à Fond Masson et que l'on disait descendre en ligne directe des Congos que les planteurs avaient importés d'Afrique après l'abolition de l'esclavage, cela en même temps que les Indiens-coulis, afin de remplacer les noirs créoles qui avaient tous pris la discampette au bourg ou aux approchants des grands bois de Desmarinières et de Caféière. Ces derniers s'étaient taillés là de petites propriétés sur des terres appartenant au gouvernement.
p.79 : il médita sur la cruauté du destin, maudit son imprévisibilité et sa mauvaiseté gratuite.
p.120 : il cherchait mes pas et me fichait un traitement devant la négraille ébahie, faisant mine d'être ivre : sacrée vermine de ver de terre qui se nourrit de caca-mouches et de vomi de serpent ! Ta mère était une championne dans la bordelle et y'a pas un homme par ici qui ne l'a pas chevauchée. Si le blanc a eu le temps de lâcher sa semence dans son boudin et te mettre au monde, toi, chien de mulâtre prétentieux et sans sentiment que tu es, c'est qu'elle tuait tous les enfants que les nègres déposaient en elle. Elle buvait des médecines pour accoucher avant l'heure de peur d'avoir à porter un petit négrillon-tête-coco-sec dans ses bras.
p.179 : il prit le bébé dans ses bras et ne put résister à l'envie de l'embrasser sa merveilleuse peau couleur caïmite. Les petits grains de ses cheveux lui chatouillaient le menton, si-tellement doux qu'il avait le sentiment d'avoir de la mousse sous les doigts quand il les tapota. Pourquoi décriait-on tant les cheveux crépus ? Pourtant le cheveu nègre n'est ni "raide" ni "dur" comme on l'en accusait mais exactement inverse à savoir mou, spongieux chez certains. Le Blanc avait infecté l'oeil du nègre de haïssance envers sa propre race. Son oeil le voyait laid . Plus on s'éloignait du nègre, plus on devenait mulâtre, moins on était laid.
p.199 :la fierté mulâtre _ celle des cheveux bouclés, du nez pincé et de la peau à peine cuivrée _ continuait à impressionner la grande masse et les docteurs ou avocats n'avaient qu'une idée dans l'esprit, celle de convoler avec une mulâtresse afin d'éclaircir la race.
p.216 : - ma mère m'a fait mulâtresse, moi ! cela impressionnait la négraille qui vouait le Bondieu aux gémonies pour n'avoir accordé aucune affriolance à sa race pourquoi ce nez, pourquoi a t-il les ailes si évasées ? Ces lèvres, pourquoi sont-elles si charnues ? Et cette croupière ! Pourquoi est-elle si bombée ? A cette époque, il faut l'avouer, la race nègre se voyait plus laide qu'un péché mortel et ce parce qu'elle s'envisageait dans et par le regard du Blanc....
p.248 : allez connaître ce qui se trame au coeur du giromon si vous n'empoignez as un couteau pour le trancher
p.258 : d'ordinaire , je réprimais toute velléité de mon corps de se livrer aux rythmes obsédants du tambour et n'assistais même pas aux bamboulas organisé à la rue Cases-Nègres. L'idée que je faisais de ma personne était trop haute pour que je m'acoquine avec des gens qui remuaient leur arrière-train avec une telle indécence. Ma mère m'avait répété : " Tambour c'est sauvagerie"
Eléonore ajoutait :"Tambour est bagage de nègres-Guinée" et Hildevert, l'instituteur radical-socialiste concluait : "Mon cher, le tambour est l'exemple même de ce dont il faudrait que notre race se détache pour qu'elle accède aux plus hautes marches de la Civilisation. D'ailleurs, la négraille elle-même ne tient-elle pas cachés ces instruments que mandolinistes et joueurs de violons tiennent pour frustres ?"
Avait-on jamais vu quelqu'un se promener fièrement avec un tambour comme Sonson la faisait avec son harmonica ou Gesner-fils avec sa mandoline ? Le nègre a honte lui aussi du tambour même s'il ne parvient pas à se déprendre de son ensorcellement.
p.268 : elle faisait bouillir les breuvages innombrables qu'elle prétendait capables de chasser la défortune, guérir du mal-caduc, parer le mal envoyé et accorder la jouvence jusqu'à l'orée du grand âge...
-cette Clémencia-là...elle possède un point...
Un point c'est-à-dire dans notre parjure créole une protection, un bouclier contre toutes les attaques maléfiques, les assauts des incubes tels que le commandeur Félicien, la haïssance d'autrui, surtout contre la haïssance car comme dit le proverbe " le nègre hait le nègre" . Le blanc au contraire, est solidaire de ses congénères. Il ne les trahit pas, ne leur baille pas de croche-pattes en traître, ne le jalouse pas. Tandis que la race des nègres n'a cesse de s'entre-détruire pour un oui ou pour un non. A cette étrange comportation, nul n'avait pu encore pu apporter d'explication plausible. On se doutait qu'elle devait entretenir quelque rapport avec l'esclavage puisqu'on disait aussi :"Le nègre déteste le nègre depuis l'époque des chaînes aux pieds". Mais l'esclavage était tellement loin de nos têtes, si oublié, gommé même, qu'il n'y avait plus désormais aucun motif de se haïr l'un l'autre.
-cette Clémencia-là...elle possède un point...
Un point c'est-à-dire dans notre parjure créole une protection, un bouclier contre toutes les attaques maléfiques, les assauts des incubes tels que le commandeur Félicien, la haïssance d'autrui, surtout contre la haïssance car comme dit le proverbe " le nègre hait le nègre" . Le blanc au contraire, est solidaire de ses congénères. Il ne les trahit pas, ne leur baille pas de croche-pattes en traître, ne le jalouse pas. Tandis que la race des nègres n'a cesse de s'entre-détruire pour un oui ou pour un non. A cette étrange comportation, nul n'avait pu encore pu apporter d'explication plausible. On se doutait qu'elle devait entretenir quelque rapport avec l'esclavage puisqu'on disait aussi :"Le nègre déteste le nègre depuis l'époque des chaînes aux pieds". Mais l'esclavage était tellement loin de nos têtes, si oublié, gommé même, qu'il n'y avait plus désormais aucun motif de se haïr l'un l'autre.
p.274 : la négraille, elle dès qu'elle avait dit " sa sé bagay bétjé" (ceci appartient au Blanc), se désintéressait complètement de tout ce qui n'avait pas trait à l'immédiateté d'une existence il est vrai proche du dénantissement le plus total. Quand on ne savait pas trop ce qu'on mangerait dans la journée, surtout après la récolte, pendant ce temps indéfinissable où la canne prenait ses aises pour lever, ou bien si l'on devait pour la énième fois attraper une gaulette pour cueillir un fruit-à-pain que l'on cuirait avec juste une aile de morue salée, on n'avait pas de loisir de cogiter sur un morceau de mur qui pouvait être tout et n'importe quoi. La mémoire de l'habitation ne survivait que dans la tête des maîtres et dans les livres ou la paperasserie qu'on les voyait rédiger certaines après-midi sous leur véranda, pas dans celle des nègres. Il fallu une circonstance fortuite pour que Firmin Léandor apprenne qu'il avait affaire à un cachot d'esclaves.
p.287 : Il est mort là parce que c'était son jour. Chaque cochon finit par avoir son samedi.
p.291 : les"soukliyan", les nègres-volants, c'était son affaire. Le soukliyan est un humain qui se défait de sa peau, se dépiaute, s'enduit le corps d'une poudre magicienne pour voler toute la nuit au-dessus des cases à faire des simagrées pas chrétiennes, des incantations qu'il faut se boucher les oreilles pour ne pas entendre sinon la folie te prend là-même, des conciliabules avec les astres et les esprits. Autrement parler, on peut dire que le soukliyan est un maître de l'Invisible.
p.300 : ....Parfois, je me surprenais à maugréer : qu'est- ce que le nègre a bien pu faire au Bon-dieu ? Ah mulâtre tu ne connais pas ta chance, tu ne la connais pas...
p.315 : plus fréquemment qu'avant, elle se rendait à la capitale, par le yatch de Petit-Bourg, et lui vantait sans cesse la douceur de la vie en cet endroit. Les gens y étaient propres, bien habillés. Ils ne parlaient pas créole ou peu et donc n'injuriaient pas à tout propos. Chacun était à ses affaires et personne ne s'intéressait de se mêler de votre vie ni de vous critiquer.
p.318 : des grappes de nègres bleus de Saint-Anne à la peau satinée et magnifique, de chabins et de mulâtres aux yeux verts de la montagne du Vauclin, taciturnes ou rageurs, de nègres rouges, de nègres-griffes, des câpresses du Marin et de Sainte-Luce, commençaient à affluer à Rivière-Salée, près de deux mois avant le début de la récolte.
p.326 : le mulâtre qui marche nu-pieds et dont la bouche écorche le français est un nègre. Le nègre qui possède un sac d'argent est un mulâtre. Il n'y a que pour le Blanc que la déchéance n'atteignait pas dans son intégrité : le géreur Baudoin demeura blanc jusqu'à son internement dans un hôpital pour fous de Fort-de-France.