Alpes: des militants d'extrême droite lancent une opération anti-migrants au col de l'Échelle
Le groupe a entamé sa montée ce samedi matin avant de matérialiser une frontière symbolique au sommet à l'aide de grillage en plastique.
Une centaine de militants du mouvement d'extrême droite Génération identitaire (GI) sont montés ce samedi matin au col de l'Échelle (Hautes-Alpes), point de passage de migrants depuis plusieurs mois, pour en "prendre possession et veiller à ce qu'aucun clandestin ne puisse rentrer en France".
Ce col est un "point stratégique de passage des clandestins" depuis l'Italie, a fait valoir un porte-parole de GI, Romain Espino, en dénonçant "un manque de courage des pouvoirs publics". "Avec un petit peu de volonté, on peut contrôler l'immigration et les frontières".
Le groupe de militants, composé majoritairement de Français, compte aussi des Italiens, Hongrois, Danois, Autrichiens, Anglais et Allemands. Après une ascension commencée après 9 heures, en raquettes sur la neige, ses membres ont érigé une "frontière symbolique" à l'aide de grillage en plastique de chantier. Ils ont prévu de passer la nuit au col.
Il s'agit d'"expliquer aux migrants éventuels que ce qui n'est pas humain, c'est de faire croire à ces gens qui traversent la Méditerranée ou les Alpes enneigées que ces parcours ne présentent aucun risque. C'est faux", a déclaré Romain Espino. "Ils ne vont pas trouver l'Eldorado, c'est immoral. Ceux qui en payent les frais, ce sont les Français", a-t-il ajouté.
Culminant à 1762 mètres, le col de l'Échelle est situé à six kilomètres de la frontière avec l'Italie. Depuis un an, les Hautes-Alpes connaissent une augmentation exponentielle d'arrivées de jeunes, majoritairement de Guinée (Conakry) et de Côte d'Ivoire (pourtant première puissance économique d'Afrique de l'Ouest). Selon la préfecture, 315 personnes en situation irrégulière ont été refoulées vers l'Italie en 2016 et 1900 en 2017.
La pression migratoire reste "forte" à la frontière franco-italienne dans son ensemble, a indiqué vendredi soir le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, rappelant que 50.000 non-admissions avaient été prononcées en 2017.
Fondé en 2012, Génération identitaire (GI) avait affrété en juillet 2017 le navire C-Star dans le cadre de sa campagne "Defend Europe" en Méditerranée, pour dissuader les ONG de secourir les migrants en mer. Arrivée le 5 août au large de la Libye, l'opération avait pris fin le 17 août.
Le mouvement privilégie des actions au fort retentissement médiatique, comme la fabrication d'un mur devant un futur centre d'accueil pour demandeurs d'asile à Montpellier en septembre 2016 ou encore, à l'hiver 2013, des maraudes pour venir en aide aux sans-abris, destinées uniquement aux "Français de souche".
(c)AFP
la blonde leader de la droite extrême(qui a perdu son mojo, mais pas ses électeurs) était dans la rue contre.... le projet de loi asile et immigration...
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Opposé au texte, le Front national a organisé, vendredi soir, une manifestation anti-immigration devant l’Assemblée.
Donner de la voix. Une petite centaine de militants étaient présents, drapeaux français à la main. Ils accueillent la député du Pas-de-Calais et patronne de leur mouvement, dont le slogan est assez simple : "moi qui ai quand même un certain vocabulaire, je n'ai pas trouvé d'autres mots plus adaptés que... nul. C'est une loi nulle et vide". À défaut de pouvoir se faire entendre dans l'hémicycle juste à côté, le FN donne donc de la voix dans la rue.
Marine Le Pen cherche à reprendre la main sur cette thématique, si cruciale pour elle, alors que Laurent Wauquiez a frappé fort cette semaine en reprenant une partie de ses idées. "Quand je l'entends dire qu'il est terrifiant d'envisager qu'à ce rythme là, il y a un million d'étrangers qui s'installera en France d'ici 5 ans, que c'est affreux, je lui dis c'est vrai, c'est affreux. C'est vrai que c'est exactement le nombre d'étrangers qui se sont installés en France sous le mandant de Nicolas Sarkozy, dont il était ministre..."
(c)Europe 1
les fâcheux ne sont pas bien loin ......
DÉCRYPTAGE - En perte de vitesse dans les années 90, plusieurs groupes se réclamant de la droite nationaliste et identitaire ont mené des actions plus ou moins violentes récemment en France, pouvant laisser penser à une recomposition de l'extrême droite radicale. Deux spécialistes décryptent ce phénomène pour Le Figaro.
Tout s'est passé très vite, sur le campus universitaire de Strasbourg, mercredi 23 mars au soir. Six étudiants, qui occupaient l'établissement pour dénoncer la réforme de l'université voulue par le gouvernement, ont été passés à tabac par une vingtaine de membres du Bastion Social. Cette association nationaliste, implantée dans plusieurs villes de France a récemment ouvert plusieurs locaux, notamment à Marseille, Lyon et Lille. À Strasbourg, le groupe a pris ses quartiers dans un bar appelé l'Arcadia, en décembre dernier.
Les membres de ce bar associatif, dont certains sont des anciens du Groupe union défense (GUD), avaient déjà fait parler d'eux en janvier, en attaquant deux personnes et un chauffeur de tramway après un rassemblement populaire réclamant la fermeture du local. Le soir de l'inauguration de l'Arcadia, un homme d'origine algérienne avait également essuyé des coups par une vingtaine d'hommes ultraviolents. Inquiet face aux intensifications des attaques, le député LaREM du Bas-Rhin, Thierry Michels, a demandé mardi la dissolution du bar à Gérard Collomb, le ministre de l'Intérieur, lors de la séance de questions au gouvernement. Devant l'Assemblée nationale, le député a dénoncé «le fléau croissant de l'ultradroite» et l'installation à Strasbourg, d'un bastion «qui n'a de social que le nom».
L'ouverture d'un local du Bastion Social à Marseille fin mars a également cristallisé les tensions. Plusieurs associations antifascistes ont défilé le 24 mars pour dénoncer l'installation du groupe dans la cité phocéenne. Steven Bissuel, président du mouvement, compte toutefois bien s'installer dans la durée. Au micro de France Bleu, il déclarait: «Il y a des problèmes du fait des grandes vagues d'immigration que subit Marseille depuis des années». C'est avant tout sur les thématiques liées à ce sujet que se positionne le Bastion Social, dont le slogan est «autonomie - identité - justice sociale».
Pour Jean-Yves Camus, directeur de l'observatoire des radicalités politiques à la fondation Jean Jaurès, cette «résurgence» de l'extrême droite radicale s'explique d'abord par le choix stratégique de Marine Le Pen de normaliser le Front national. «Certains membres de ces groupes peuvent juger que le parti est édulcoré et c'est un élément qui pourrait les pousser à se diriger vers ces structures», juge le spécialiste des mouvances radicales d'extrême droite. «Le socle idéologique est toujours là, mais il y a une crise de confiance envers le FN», précise Nicolas Lebourg, chercheur à l'université de Montpellier. Et d'ajouter: «C'est cette crise qui a créé un appel d'air en faveur de groupuscules comme le Bastion Social».
Si les mouvements nationalistes et identitaires ont toujours émis un «bruit de fond», n'ayant qu'une «très faible portée électorale», selon Jean-Yves Camus, les récents affrontements relatifs aux questions sur la réforme de l'université ont grandement contribué à leur visibilité. Après les violences perpétrées à la faculté de droit de Montpellier, identitaires de la Ligue du Midi et antifascistes se sont défiés dans les rues de la ville occitane.
«Ce sont ce type d'actions coup de poing qui fournissent une publicité à la marque Bastion Social, selon Nicolas Lebourg. Il y a aujourd'hui dans les manifestations étudiantes une ultragauche bien plus radicale que l'extrême gauche. C'est aussi ce remplacement qui a participé au réveil de l'ultradroite». Ainsi, en menant des actions où les membres font usage de violence, ils font passer un message et gagnent en visibilité. Pour l'historien, il s'agit d'une technique bien rodée: «C'est avec la bagarre et les coups que l'on a parlé de Bastion Social dans les médias et c'est ainsi qu'ils peuvent se vendre et mobiliser».
Ailleurs en France, d'autres actions ont été menées par différents groupes se revendiquant de la droite identitaire. C'est notamment le cas à Toulouse, où le mouvement Génération Identitaire a récemment multiplié les opérations pour «lancer des alertes» quant à des éventuels retours de djihadistes dans la région. Plusieurs de leurs membres ont par exemple installé des panneaux de signalisation sur lesquels il était inscrit le mot «djihadistes», barré d'un trait rouge aux abords de la ville.
«Les membres de Génération Identitaire ont pour but de sublimer l'action violente par l'action politique», analyse Nicolas Lebourg. S'ils ne pratiquent pas la violence, ils tentent néanmoins de faire passer un message «plus adapté socialement», afin d'attirer l'attention. C'est Fabrice Robert, responsable de l'ancien «Bloc identitaire» devenu «Les Identitaires», qui a théorisé cette idée: «Il faut faire peur à nos adversaires mais pas à nos grands-mères».
Ces mouvements nationalistes et identitaires ont également opéré une mue en matière de communication. Très visible sur les réseaux sociaux, Génération Identitaire multiplie les pages Facebook, répertoriées par villes. À Lyon, par exemple, le mouvement compte près de 124.000 mentions «j'aime». «En revendiquant leurs actions sur les réseaux sociaux, les membres de ces groupes gardent un public captif», note Jean-Yves Camus. Cette communication est donc un moyen de maintenir leurs idées à flot et pérenniser l'engagement des adhérents. «Bastion Social est jeune, poursuit Jean-Yves Camus, mais démontre une véritable volonté de s'ancrer dans la durée».
La différence entre «nationaliste» et «identitaire»
«Le nationaliste est quelqu'un qui met la nation et son intérêt par-dessus toute valeur. S'il admet qu'elle est composée d'individus d'origines différentes, il prône néanmoins l'assimilation. L'identitaire juge pour sa part que le multiculturalisme est un leurre. Il considère l'assimilation impossible puisque, selon lui, les différences ethniques sont intangibles», explique Jean-Yves Camus.
(c)Le Figaro