jeudi 4 mars 2021

Claudette C.



Le 2 mars 1955, l’adolescente a été arrêtée et incarcérée pour être restée assise dans un bus en Alabama. Une histoire éclipsée par le geste similaire de Rosa Parks neuf mois plus tard et qui est remise en lumière ces jours-ci aux Etats-Unis à l’occasion du Black History Month.

L’histoire populaire a retenu que Rosa Parks est la première femme noire américaine à être restée assise dans un bus pour protester contre les lois ségrégationnistes en décembre 1955. Or, une autre femme, neuf mois plus tôt, le 2 mars 1955, a fait exactement le même geste. Une adolescente dont l’histoire est mise en lumière ces jours-ci aux Etats-Unis à l’occasion du Black History Month, évènement qui commémore l’histoire noire-américaine.
Cette femme, c’est Claudette Colvin, et elle avait 15 ans lorsqu’elle est montée dans le bus, comme tous les jours, pour rentrer de l’école, à Montgomery en Alabama, état ségrégationniste du Sud. L’adolescente s’assoie à deux rangs de la sortie de secours, mais lorsque plusieurs passagers blancs montent à leur tour, le chauffeur lui demande de laisser sa place. Ce qu’elle refuse. Il stoppe donc le bus, appelle la police, et Claudette Colvin est arrêtée.
Elle a été condamnée par un tribunal pour enfants, puis incarcérée, avant qu’une somme ne soit rassemblée par des figures de la communauté noire locale, dont Rosa Parks, pour payer sa caution.
Neuf mois plus tard, sur la même ligne de bus, Rosa Parks justement refuse à son tour de laisser sa place et écope d’une amende de 15 dollars, avec l’écho que l’on connaît, retentissant, forçant la cour suprême à abolir la ségrégation dans les bus. Pourtant, sans le geste de Claudette Colvin, il n’y aurait pas eu celui de Rosa Parks. Pourquoi donc a-t-elle été oubliée ? "Parce qu’on a jugé que son image à elle était plus acceptable que la mienne, explique Claudette Colvin à CNN, plus efficace pour convaincre l’Amérique blanche. Moi j’étais une adolescente, qu’on disait un peu folle, et qui plus est à la peau plus foncée."
Rosa Parks, elle, était une femme mariée, pieuse, une militante aguerrie et respectée, aux cheveux lisses et à la peau claire. Icône et porte-voix parfaite pour incarner la cause, au point d’avoir éclipsé la vraie pionnière à laquelle le temps fait finalement justice, puisqu’au XXIe siècle, son histoire sort progressivement de l’oubli. À 81 ans maintenant, elle a désormais une journée annuelle à son nom, à Montgomery en Alabama, journée qui sera célébrée mardi 2 mars.

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